Dans mon précédent article, je vous présentais ce qu’était une bible de projet et ce qu’on pouvait retrouver dedans. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir des outils d’écriture qui pourront vous aider concrètement à organiser ces idées et faire une bible de projet. Que ce soit des outils papier ou des logiciels, pour organiser ses fiches de personnages, ses chronologies ou ses cartes, beaucoup de choses existent et ce n’est pas toujours facile de savoir quoi choisir.
Si vous avez lu mon précédent article, vous saurez qu’une bible de projet, cela peut vite devenir touffu ! Alors avant de voir des outils d’écriture, voici quelques conseils généraux pour mieux organiser vos informations.
Conseils généraux
- Définissez ce dont vous avez besoin d’urgence pour votre histoire : utilisez votre scénario pour définir des priorités, les éléments dont vous avez forcément besoin pour avancer dans votre projet et ceux qui peuvent attendre.
- Ne vous sentez pas obligé de « tout faire ». Si vous écrivez une nouvelle, vous n’aurez probablement pas besoin d’une chronologie ou d’une carte du monde. Vous avez le droit de faire l’impasse sur certaines choses si elles n’apparaissent pas du tout sur votre projet (par exemple, ne vous embêtez pas avec la géopolitique détaillée de la planète alors que toute votre récit se passe dans un vaisseau spatial)
- Vous pouvez séparer les informations immédiatement utiles à l’histoire des recherches autour de l’univers, le « lore » qui vous amuse mais n’apparaîtra pas forcément dans le projet final.
- Prenez le temps d’organiser les informations par thèmes ou catégories, puis de les classer de manière logique (par exemple, en mettant les fiches de personnage dans l’ordre alphabétique ou par famille). N’hésitez pas à les réorganiser quand vous pensez que vous pouvez faire mieux.
- Hiérarchisez les informations : mettez des titres, des sous-titres, utilisez des codes couleurs, des intercalaires… tout est bon pour s’y retrouver !
- Votre bible de projet continuera à évoluer et se compléter tout au long de votre histoire… et c’est très bien ! Faites tout de même attention à ne pas créer des incohérences en vérifiant que ce que vous ajoutez reste cohérent par rapport à ce que vous aviez prévu avant.
Vous avez beau lire tout ça, vous vous sentez un peu paniqué et ne savez pas comment organiser les informations de votre bible de projet ? Pas de panique, après vous avoir parlé du contenu et de la démarche dans mon article précédent, je vais vous présenter les outils qui pourront vous aider à faire une bible de projet !
Les outils papier
On a beau être à l’ère du « tout numérique », il y a certaines choses pour lesquelles je trouve le papier irremplaçable (surtout à l’étape des recherches). Selon votre goût, vous pourrez utiliser :
- Des post-its pour organiser vos idées, structurer votre scénario, ou coller sur votre bureau la question à résoudre à tout prix.
- Les bon-vieux marque-pages pour marquer les choses intéressantes que vous pouvez avoir trouvé dans des livres (sources d’inspiration, recherches…)
- Un carnet à idée/croquis que vous trainerez partout avec vous, pour y dessiner ou noter ce qui vous passe par la tête. Ainsi, vous serez sûr de ne louper aucune idée !
- Un carnet d’inspiration, dont vous pourrez faire un bel objet ou vous collerez vos trouvailles, ferez des dessins etc., pour pouvoir le feuilleter plus tard en quête d’inspiration.
- Des cartes papier que vous pourrez trainer partout et compléter au fur et à mesure.
- Des fiches personnages format papier, pour avoir vos références.
- Toutes vos notes, recherches, etc… au format papier.
Il existe aussi des cahiers d’écriture, qui peuvent vous servir de base pour votre projet et vous guider, avec des supports prêts et des conseils. Si vous avez peur de vous lancer dans le vide et que vous avez besoin d’un cadre pour organiser vos informations, ça peut être un bon investissement.
En voici un que je n’ai pas testé directement mais qu’une amie m’a conseillé il y a un moment :
Avantages de la bible de projet sur papier
- Le format papier peut être facilement manipulé (par exemple, pour réorganiser l’ordre de vos chapitres à coup de post-its) et étaler plusieurs pages permet d’avoir tous sous les yeux en même temps et d’avoir une vue d’ensemble.
- Tant que le format n’est pas trop grand, elles peuvent aussi être transportables et accessibles à tout moment – un carnet ne tombe jamais en panne de batterie !
- Faire une bible de projet sur papier permet d’avoir ce qu’il vous faut à portée de main sans allumer votre ordinateur. Cela permet de vous économiser, par exemple si vous avez des migraines.
- Avoir un classeur ou un carnet de travail permet de visualiser le volume de travail accompli sur votre bible de projet, ce qui a un charme et peut être gratifiant.
Inconvénients
- Le format papier et surtout les carnets se prêtent mal à des réorganisations de texte à l’intérieur d’une même page.
- Les textes écrits à la main prennent souvent + de volume et sont moins faciles à lire.
- Si vous manipulez beaucoup vos notes et croquis, ils peuvent s’abîmer.
- Les feuilles volantes peuvent se perdre facilement.
- Si vous perdez votre bible papier, vous perdez tout. (Sauf si vous avez fait une copie !)
Pour organiser les informations de votre bible de projet, vous pouvez utiliser certaines choses et pas d’autres, les combiner, les adapter (choisissez un format de carnet que vous apprécierez d’utiliser, par exemple). Si, comme moi, vous avez beaucoup de documents papier pour votre bible de projet, cela vaudra le coup d’investir dans une chemise à intercalaire, un classeur… ou même des boites d’archives.
Personnellement, je préfère la chemise à intercalaires, parce que je suis du genre à éparpiller mes notes autour de moi quand je travaille et à ne pas toujours utiliser les mêmes documents, mais un classeur sera plus pratique pour organiser ses informations et les consulter. Il protègera mieux vos feuilles si vous les manipulez beaucoup. Dans tous les cas, je vous déconseille les porte-vues, qui obligent à tout décaler à chaque fois qu’on veut ajouter quelque chose au milieu de sa documentation.
Astuces
- Si vous avez beaucoup d’informations dans votre classeur, n’hésitez pas à utiliser des intercalaires et à créer un sommaire détaillé pour vous retrouver plus facilement dans votre bible de projet.
- Pour un carnet, prévoyez aussi une numérotation de pages et un sommaire qui vous permettra de retrouver plus rapidement vos notes. Vous pouvez aussi utiliser des onglets adhésifs (marque-pages autocollants) pour retrouver plus facilement certaines pages. Il y en a de toutes sortes !
Si vous avez beaucoup de documents dans plusieurs formats différents (par exemple, un carnet d’inspiration + un classeur + des livres sur le sujet) vous pouvez les ranger dans un même endroit, comme une boite ou une étagère attitrée.
Tout garder ensemble vous gagnera du temps !
Les outils digitaux
J’ai parlé des outils papiers, mais les logiciels sont au moins aussi indispensables. L’informatique permet de rassembler les données et de les modifier beaucoup plus facilement, et plusieurs logiciels ont été créés spécialement pour faciliter l’écriture et la création d’histoires.
Les traitements de texte
Vous en avez forcément un sur votre ordinateur, et c’est un logiciel de base qui pourra vous suffire si vous n’avez que du texte. D’ailleurs, c’est sans doute celui que vous utilisez par défaut quand vous commencez à noter des idées pour un projet. Ne le sous-estimez pas, car c’est un outil d’écriture qui peut tout à fait suffire pour votre bible de projet.
Pensez bien à structurer les informations dans différentes parties pour bien vous y retrouver, et n’hésitez pas à réorganiser vos notes pour qu’elles soient plus claires.
Profitez du fait que le copier-coller facilite les choses.
Les styles : un outil pour organiser ses informations
Si vous créez votre bible de projet sous un traitement de texte, je vous conseille d’utiliser les styles pour mieux vous repérer dans vos documents (vous savez, les « titre 1, titre 2, titre 3… » dont vous ne vous servez jamais ?).
Pourquoi utiliser ces styles ? Non seulement, vous pourrez changer la mise en forme de tous vos titres d’un coup en modifiant le style, mais en plus, les styles de titre créent automatiquement des « ancres » qui vous permettront de vous déplacer de titre en titre. Pour y avoir accès, il vous suffira d’ouvrir une nouvelle fenêtre.
- Sur Microsoft Word, il faut aller dans le menu « affichage », puis cocher la page « menu de navigation ». Vous verrez apparaître une colonne à gauche qui vous permettra d’accéder à vos titres en cliquant dessus. (vous pouvez même « réduire » des sections de votre document en cliquant sur le petit triangle à gauche du titre).
- Sur OpenOffice, le principe est le même en cliquant sur « Navigateur » dans le menu affichage.
- Sur Google Docs, les styles sont aussi présents et il suffit de cliquer sur la petite icône de liste à points qui se trouve sur le plan de travail, à gauche du document, pour afficher le plan du document.
Cette option n’est pas nécessaire pour un document d’une page, mais elle peut vous sauver la vie en structurant un gros projet. N’oubliez pas que la fonction de recherche (fonction+F5) permet de retrouver un mot perdu dans la masse ou une correction à faire à plusieurs endroits.
Les traitements de texte : Bilan
Si votre bible de projet contient surtout du texte, un document bien organisé peut largement suffire. Elle aura l’avantage de pouvoir être facilement sauvegardée, copiée, ou ouverte sur un autre ordinateur que le vôtre. Elle peut aussi contenir des images, mais ça alourdit vite le fichier et peut perturber sa mise en page.
Une des options les plus simples est donc d’avoir votre bible de projet écrite et un dossier d’images soigneusement triées à côté (ne faites pas comme moi et mettez des titres explicites, par exemple avec le nom des personnages représentés pour retrouver tous les dessins avec une simple recherche).
Si vous avez besoin de passer d’une machine à l’autre, vous pouvez tout à fait faire votre bible de projet sur un drive pour y avoir accès n’importe où !
Scrivener & autres outils d’écriture
Pour ceux qui se sentent limités par les outils de base, il existe des logiciels avec des fonctionnalités plus poussées qui peuvent vous aider dans la création de projets plus ambitieux.
Ceux qui me connaissent savent que Scrivener est un outil d’écriture que j’aime d’amour. Je ne peux que le conseiller aux personnes qui s’embarquent dans un projet au long cours. C’est un logiciel d’écriture pensé par et pour les auteurs, avec un système de classeur (avec des dossiers, sous dossiers, etc) qui permet d’organiser le contenu de son manuscrit, mais aussi sa bible de projet.
Au lieu de devoir ouvrir des documents et images séparées, tout est rassemblé au même endroit, accessible en deux clics. le logiciel contient de nombreuses options et fonctionnalités pour organiser son projet, suivre son avancement, le corriger…
Avantages :
- Tous ses documents rassemblés dans un seul fichier.
- Sauvegarde automatique, et possibilité de sauvegarder plusieurs versions de chaque section en utilisant les « clichés ».
- Système de fiches avec des options permettant de rajouter des notes, des mots clés, des états d’avancement pour chaque section.
- Système de double-écran pour afficher deux sections de texte en même temps.
- De nombreux outils d’écriture spécifiques.
Inconvénients :
- Logiciel payant (environ 50 €)
- Tellement d’options qu’on peut être perdu au début.
- Outil de compilation (export) assez compliqué à prendre en main.
Malgré ces défauts, Scrivener est un logiciel solide, qui supporte des gros fichiers et est même utilisé par certains thésards. Il est disproportionné si vous ne préparez que des projets très courts, mais si vous commencez à avoir des documents longs et complexes, ou que vous êtes perdus dans vos fiches, cela peut être un bon investissement qui vous permettra de faire une bible de projet bien organisée. Je ne regrette pas de l’avoir acheté !
Pour ceux qui n’ont pas le budget, rassurez-vous : il existe d’autres logiciels d’écriture gratuits, notamment YWriter ou Bibisco. N’hésitez pas à vous renseigner pour choisir le logiciel qui vous conviendra le mieux. YWriter a l’air assez proche de Scrivener dans sa structure mais est plus austère, là ou Bibisco a un design plus moderne et contient des outils tout faits qui pourront guider des auteurs débutants.
Outils supplémentaires
Il existe beaucoup d’autres outils qui pourront vous servir pour des points particuliers de votre bible de projet, alors n’hésitez pas à les tester (et à les détourner selon vos besoins). Voici quelques exemples, en sachant qu’il en existe beaucoup d’autres !
Excel et les autres tableurs
J’utilise de plus en plus Microsoft Excel pour faire des frises chronologiques complexes, et même s’il n’est pas fait pour ça à la base, il contient beaucoup d’options très utiles pour créer sa chronologie et naviguer dedans.
- Prolongations automatique des chiffres et dates quand on étend des cellules avec des chiffres : pratique pour avoir un calendrier ou garder le compte des jours de voyage/convalescence d’un personnage
- Possibilité de « figer » des lignes et colonnes pour continuer à afficher les dates ou noms de personnages même sur un grand tableau.
- Les options « trier et filtrer » permettent d’ordonner les lignes et de choisir celles qu’on veut afficher (très pratique si on a beaucoup de personnages et qu’on veut se concentrer sur certains).
L’organisation des menus varient d’un logiciel à l’autre mais vous retrouverez partout ces mêmes options de base qui (à mon avis) font des classeurs le plus simple et efficace pour créer des grosses frises chronologiques. Et pourtant, j’ai cherché d’autres solutions…
Note : J’ai d’ailleurs fait beaucoup rire mon barbu quand je lui ai annoncé d’un ton las que le logiciel projet-libre que je voulais tester ne me permettait pas de créer un projet débutant en 1886.
Géographie
Si vous travaillez sur une histoire se passant dans notre monde, vous pouvez puiser l’inspiration directement sur Google Maps, trainer virtuellement dans les rues et même vous créer une carte personnelle où vous pourrez ajouter des lieux, des trajets et annotations.
Pour un monde virtuel, vous devrez mettre la main à la pâte et sans doute créer vos propre cartes de pays, de ville, etc.. Même s’il est plus pratique d’avoir un document JPG que vous pourrez ouvrir facilement, pensez bien à garder les versions originales pour pouvoir les modifier et les mettre à jour.
Les logiciels de dessin, avec leurs systèmes de calques, sont des outils précieux si vous voulez dessiner une carte qui évolue : un quartier détruit par la guerre, un nouveau bâtiment ? Il suffit de créer un nouveau calque avec ces modifications !
Si vous vous contentez de déplacer des personnages, vous pouvez travailler à l’ancienne avec une carte papier des des pions (ou des bouts de papier) symbolisant vos personnages. C’est avant tout une question de goût.
Sachez qu’il existe des outils comme des générateurs de villes comme Medieval Fantasy city générator qui peuvent vous aider si vous avez beaucoup de lieux à inventer. (Bien sûr, n’hésitez pas à retravailler ces cartes pour les adapter à vos besoins).
Cartographie mentale
Vous connaissez les cartes heuristiques, aussi appelées cartes mentales ? On part d’un mot-clé ou d’une idée pour en noter d’autres et explorer toute une arborescence. C’est un bon outil pour jeter ses premières idées sur papier et explorer les possibilités, et je m’en sers souvent au tout début d’un projet. Cela peut aussi servir à visualiser les relations entre les personnages.
Il existe des tas de logiciels gratuits de « mind-mapping », pour faire sur ordinateur des cartes heuristiques. Je continue à préférer travailler sur papier pour ces choses-là, mais vous pouvez en faire sur n’importe quel support.
Tester des embranchements avec twine
Vous vous souvenez des livres dont vous êtes le héros ? Vous y faites régulièrement des choix qui vous font emprunter différents chemins qui mènent à différentes fin.
Twine (ou Twinery) est un site qui fonctionne sur ce principe et qui vous permet de créer vos propres fictions hypertexte. Rustique mais plutôt simple à prendre en main pour peu qu’on suive les tutos disponibles sur internet, cela peut être l’occasion de faire un premier jet de scénario de jeu vidéo, de tester l’enchainement des événements ou de comparer différentes fin.
Selon votre manière de travailler et ce que vous préparez, cela peut être un outil utile pour votre bible de projet !
En résumé
Il existe des dizaines de logiciels et d’applications, des plus simples aux plus complexes, qui peuvent vous aider à organiser vos informations. N’hésitez donc pas à faire des recherches ou demander conseil à votre entourage (ou à Google) pour trouver ce dont vous avez besoin. Vous serez surpris par le nombre de logiciels et applications créées pour les auteurs !
Malgré tout, je vous conseille de partir sur ce principe : parmi ce que vous testez, choisissez ce qui sera le plus efficace pour vous.
S’il n’y a pas de différence d’option, prenez ce qui est le plus simple d’utilisation ou que vous connaissez le mieux. Il vaut mieux savoir parfaitement se servir d’un logiciel simple que perdre du temps à lutter avec un logiciel compliqué.
N’hésitez pas à cumuler les outils et supports selon VOS besoins pour faire une bible de projet qui vous aidera vraiment : je trouve le papier plus pratique pour certaines choses mais je ne pourrai pas me passer de mon ordinateur pour autant. À vous de faire votre propre patchwork avec ce qui vous convient le mieux pour chaque chose, selon vos goûts et votre projet.
Enfin, n’ayez aucun scrupule à détourner vos outils : après tout, j’utilise bien Excel pour mes frises chronologiques et j’ai transformé un pan de mur en bureau d’inspecteur de police. J’ai déjà testé des outils « faits pour » que j’ai trouvé bien moins pratiques que certaines solutions bricolées.
Bref, si je devais vous donner une seule ligne de conduite, ce serait celle-ci : les principes, c’est bien joli, mais l’important, c’est que ça marche !
Sauvegardez vos données !
On ne le dira jamais assez : sauvegardez régulièrement une copie de votre travail ! Une bible de projet, ça peut parfois être plusieurs années de travail, ce serait trop bête de le perdre dans un accident ou un vol d’ordinateur !
Prenez donc la peine de faire régulièrement des copies (par exemple, sur un cloud ou un disque dur externe) pour que le pire ne soit jamais trop grave. Après tout, il suffit de copier-coller un dossier chaque mois ou chaque semaine, ça n’a rien de terrible !
De la même manière, si vous avez décidé de faire une bible de projet sur un cloud (ça peut être une bonne idée si vous passez d’un ordinateur à l’autre), pensez à faire une sauvegarde en local, au cas ou vous perdiez l’accès à votre compte.
Enfin, pensez à scanner les documents papiers (peut-être pas chaque page de vos carnets d’inspiration, mais au moins ce que vous utilisez souvent, comme les cartes ou les frises chronologiques).
S’il y a une seule chose à retenir, c’est qu’on est jamais trop prudent !
Un exemple de création de bible de projet avec « Bras de fer, gant de velours »
Maintenant que je vous ai présenté ces outils, je vous propose de découvrir un exemple concret de comment j’ai mis en place, progressivement, ma bible de projet autour de ma fanfiction « Bras de fer, gant de velours ». L’occasion de voir comment j’ai fonctionné, et peut-être, de dédramatiser si vous pensez qu’il faut absolument avoir tout préparé avant d’écrire la moindre ligne ou dessiner la moindre case !
- Avant 2014 : j’avais juste des feuilles volantes avec des notes ou croquis et un document Word de quelques pages avec les premières scènes et un résumé bancal.
- 2014 : Je reprend le résumé et je le détaille en plusieurs grandes parties. L’histoire prend un tour plus sérieux, je fais quelques recherches sur l’univers de Fullmetal Alchemist et une première chronologie.
- Avril 2015 : J’entame ma troisième réécriture en décidant d’amener les événements du début par flash-backs. J’utilise mon deuxième jet pour écrire une chronologie jour par jour puis je découpe mes chapitres selon différents points de vue.
- 2016 : Je teste et adopte la méthode des post-its, qui consiste à noter les scènes sur papier et les réorganiser pour trouver le meilleur enchainement.
- Avril 2017 : L’histoire se complique : j’ajoute un code couleur à ma frise chronologique pour mieux repérer ce qui correspond à chaque personnage. Je navigue entre une demi-douzaine de docs Word, dont les 3 parties de mon texte qui font chacun plus d’une centaine de pages. C’est à ce moment-là que je décide de tester Scrivener, qui, après quelques jours de prise en main et de réorganisation, est adopté.
- Novembre 2017 : Je décide de relire tous les passages se passant à la capitale pour créer une carte de la ville. À partir de là, je prends l’habitude de placer sur la carte les nouveaux lieux au fur et à mesure. Je développe aussi l’histoire de personnages, écrivant 2 chronologies séparées avec les événements clés de leur vie.
- 2018 : J’intègre un nouveau lieu et une galerie de personnages inventés pour l’occasion. Pour ne pas perdre le fil, je dessine un plan du bâtiment, j’écris une chronologie du lieu et je commence des fiches de personnages qui s’étofferont petit à petit. Je fais aussi des recherches sur la mafia et je teste l’intrigue de l’arc sous plusieurs formes.
- 2019 : Je m’attaque à un chapitre tellement compliqué que pour l’écrire, j’écris une chronologie minute par minute et je dessine un plan sur lequel je déplace des bouts de papier avec le nom des personnages pour suivre l’action « en temps réel ».
- 2020 : Ma chronologie de personnage devient trop complexe pour un format « liste ». Je crée une nouvelle chronologie sur Excel avec une colonne par jour et une ligne par personnage narrateur. Je commence aussi la carte d’une autre ville, et j’imprime une carte du pays pour pouvoir la consulter plus facilement et mesurer les distances.
- 2021 : Je continue toujours ! J’accumule de la documentation sur la première guerre mondiale et j’ai des requêtes Google qui me vaudraient d’être fichée par la CIA…
Comme vous voyez, même si aujourd’hui, j’ai une bible de projet assez spectaculaire (presque 122 000 mots de notes, scènes coupées, etc. et une boite d’archives de dessins, croquis et notes sur papier), je suis partie de presque rien et elle s’est faite petit à petit, au fil des ans. J’ai adopté ou créé mes outils d’écriture au fur et à mesure que j’avais besoin d’organiser mes informations.
Par exemple, j’ai très peu de fiches de personnages, tout simplement parce que, comme c’est une fanfiction, beaucoup d’entre eux étaient déjà fixés au niveau du physique comme du caractère. Par contre, j’ai créé 6 chronologies différentes pour les besoins de l’histoire !
Conclusion
Voilà, j’espère que ce petit panorama vous aura donné des pistes pour préparer votre propre bible de projet. Il y a beaucoup d’outils pour organiser vos informations, beaucoup de possibilités, donc choisissez ce qui vous paraît vraiment utile et qui vous conviendra le mieux. Ne vous laissez pas écraser par l’ampleur de la tâche : l’important, c’est de commencer quelque part et de pouvoir avancer. Rien ne vous oblige à écrire une thèse sur votre univers !
N’hésitez pas à commencer petit pour la faire évoluer avec le temps, votre projet se développera petit à petit.
Si vous travaillez en équipe, il faudra vous coordonner et trouver des outils utilisables à plusieurs (un drive est souvent la meilleure solution pour que le projet soit accessible à tous) mais en tant qu’auteur de BD, vous serez souvent seul sur votre bible de projet.
Dans ce cas, ne vous préoccupez pas trop de faire quelque chose de « joli » (à moins que ça vous aide vraiment à mieux travailler). L’important, c’est d’en faire un outil bien organisé qui vous aidera dans la réalisation de votre projet et qui évoluera au fur et à mesure.
Enfin, le plus dur sera de trouver le bon équilibre, pour ne pas vous perdre dans vos fiches de personnages sans jamais écrire une ligne, mais ne pas non plus oublier de s’arrêter quand il le faut. Parfois, prendre une pause pour relire sa bible de projet et l’étoffer est tout ce dont vous aurez besoin pour débloquer la suite !