Salut tout le monde, c’est Astate ! Si vous suivez mon travail en dehors de ce blog, vous savez peut-être que j’ai une campagne Ulule en cours pour financer Stray Cat, mon prochain livre en autoédition !
Pour l’occasion, je vais lâcher les tutoriels ultra-techniques sur les erreurs à éviter pour votre premier fanzine ou le CMJN et vous faire découvrir un peu plus mon projet par le biais de la réalisation d’un diorama !
Stray Cat est un lightnovel (roman illustré) disponible en grande partie sur Mangadraft. Cette tranche de vie mélancolique raconte la rencontre entre Matt, étudiant sans le sou, et Sacha, musicien passionné, détaché du monde. Deux garçons sur le fil, attirés l’un par l’autre, pétris de doutes face à l’avenir. Vous l’aurez sans doute compris, c’est une homoromance (le livre contient quelques scènes de fesses entre garçons) et est destiné aux adultes. Voilà, c’est dit !
Par contre, je vous rassure, l’article que vous avez sous les yeux est estampillé tout public ! Je ne vais pas vous raconter le contenu du livre, ni vous dévoiler les illustrations originales proposées à la vente (le mieux est encore d’aller découvrir sur la page Ulule pour ceux que ça intéresse).
Je vais en revanche vous montrer comment j’ai conçu une des contreparties exclusives à la campagne Ulule. J’ai nommé : le diorama !
Un diorama, qu’est-ce que c’est ?
Le diorama (de panorama avec le préfixe dia- qui se substitue au préfixe) est un dispositif de présentation par mise en situation ou mise en scène d’un modèle d’exposition (un personnage historique, fictif, un animal disparu ou encore vivant à notre ère…), le faisant apparaître dans son environnement habituel1.
C’est un mode de reconstitution d’une scène (historique, naturaliste, géologique ou même religieuse) en volume2 (au moins pour le sujet principal placé au centre de la scène).
Wikipedia
Bon, dans ce projet, les personnages ne sont pas vraiment en volume… mais c’est le terme le plus parlant que j’ai trouvé pour désigner cette petite maquette composée de trois plans en papier découpé.
J’avais d’abord pensé proposer des illustrations réalisées en kitchen litho à l’occasion du Ulule, mais je ne maîtrisais pas assez la technique pour me le permettre. J’ai donc abandonné l’idée et cherché un autre objet spécial pour les contributeurs. Et là, je ne sais pas pourquoi, j’ai visualisé ce petit tableau en trois dimensions, réalisé en papier découpé. Je me suis dit que j’avais rarement vu ça et que l’objet avait de quoi donner envie !
Imaginer et dessiner le diorama
Les premières idées
J’ai commencé à réfléchir à l’illustration que je pourrai faire, aux différents plans, à l’apparence du diorama, ainsi qu’à la manière de le monter…
À cette étape, j’ai fait un cahier des charges pour lister toutes mes contraintes :
- Représenter Matt et Sacha (les personnages du livre)
- Qu’il y ait 3 plans différents
- Que cela ne soit pas trop long à découper
- Qu’il puisse tenir posé sur son étagère
- Que je puisse l’envoyer à plat avec les contreparties
- Et donc que les contributeurs puissent le monter facilement eux-mêmes.
Bref, pas mal de réflexions à mener ! (Mais, si vous ne vous en doutiez pas encore, j’aime bien me prendre la tête sur ce genre de choses.) J’ai pris quelques décisions à ce moment-là, comme :
- La taille : un format A5, qui rentrerait dans l’enveloppe
- L’orientation : un format paysage, plus stable que le format portrait
- La profondeur de l’objet : 2 cm, c’est assez pour que le diorama tienne debout.
Après avoir choisi le format, il était temps de réfléchir au contenu. J’ai fait plusieurs croquis pour tester la composition et me faire une idée. J’hésitais entre un décor intérieur et une scène extérieure, mais le premier dessin avait plusieurs raisons de me plaire :
- Les jeunes dans le vent, c’est bien sympa, mais découper des mèches folles au scalpel, ça l’est moins.
- Le diorama étant en forme de boîte, je me suis dit qu’un décor intérieur fonctionnerait mieux et serait plus « cosy »
- La composition du décor intérieur me parlait tout simplement plus.
Le dessin du diorama
Une fois fixée sur la scène à représenter, j’ai fait le crayonné sur une feuille format A4 (il vaut mieux partir d’un format plus grand, une version imprimée avec réduction donne un résultat plus fin et estompe les défauts.)
Puis j’ai reporté et complété les différents plans du diorama sur trois feuilles de papier différentes, à la table lumineuse.
J’ai retouché les crayonnés, ajouté des détails (comme le contenu de l’étagère, qui était cachée par le premier plan sur le premier dessin), corrigé des éléments…
Une fois satisfaite, j’ai attaqué la mise en couleur. Pour que le résultat soit homogène, j’ai mis en couleurs et encré les trois dessins en parallèle.
Pour les illustrations du livre, j’ai travaillé aux crayons aquarellables (les inktenses, que j’aime beaucoup) et au pinceau à réservoir, de manière logique j’ai utilisé la même technique pour ce dessin aussi.
Petite particularité, je termine par l’encrage (à la plume G et à l’encre sépia pour les dessins en couleur). Je trouve ça plus agréable de faire la mise en couleur à partir des crayonnés, il arrive que les choses bougent au moment ou j’ajoute du volume, et mon dessin est moins figé comme ça !
Passer du dessin à l’objet
C’est bien beau d’avoir des dessins, mais comment passe-t-on d’une liasse de feuilles de papier à un diorama en papier découpé ? C’est là que les choses se corsent !
La maquette
Une fois les dessins mis en couleur et encrés, c’est le moment de les scanner ! J’ai superposé l’image sur Photoshop en utilisant le système de calques et nettoyé l’image. Pour supprimer les zones blanches, j’ai utilisé des masques. Ce sont des outils très pratiques que je vous présenterai dans un prochain article !
Il ne reste « plus qu’à » faire le montage, c’est-à-dire caler les éléments qui vont ensemble et concevoir le cadre qui permettra de monter l’ensemble. C’est là que ça se corse !
J’ai commencé par recadrer au format d’impression, sachant que les dimensions finales (cadre inclus) devaient être celles d’un format A5. Le cadre, lui, fait 1 cm de côté, réduisant d’autant le dessin.
Ensuite, j’ai procédé par étapes pour placer des règles magnétiques. C’est un outil présent sur Photoshop qui permet de délimiter des lignes verticales et horizontales, et auquel les outils (pinceau, sélection, formes) « s’aimantent » dès qu’elles sont assez près.
En agrandissant progressivement la zone de travail pour placer les règles au fur et à mesure, j’ai rajouté 1 cm tout autour (qui correspond à l’emplacement du plan central) puis 1 deuxième cm, correspondant à l’épaisseur totale du diorama, et 5 millimètres en plus pour les languettes. Je pouvais ensuite utiliser l’outil « forme » et m’appuyer sur les règles pour tracer des rectangles, des rectangles à coins arrondis ou des lignes, qui m’ont permis de marquer les contours du diorama, les fentes et les languettes pour le montage.
Dans ma version initiale, j’avais prévu une douzaine de languettes pour le montage. Il fallait commencer par placer tout ça et ce n’était pas une mince affaire. Une fois cette étape faite, j’ai voulu me récompenser en faisant un tirage papier pour tester le montage (et voir combien de temps cela me prenait de découper tout ça).
Tester le montage : le moment qui fâche
Me voilà avec mes trois pages de diorama à découper. L’impression est moche et le papier trop fin, mais soit, ça donnera quand même une idée. Et quelle idée !
Faire un objet en papier découpé demande du soin et de la patience, mais avec un bon scalpel, on peut facilement avoir un résultat précis ! Le découpage m’a pris du temps, mais je m’y attendais.
Le montage du diorama, en revanche…
Quand je me suis vue lutter avec ces fichues languettes, qui ne rentraient pas, ne tenaient pas, etc., et que j’ai commencé à pousser des bordées de jurons, j’ai compris que ce test était le premier… mais pas le dernier !
Les languettes sont compliquées, disgracieuses et tiennent mal, au point que je finis par scotcher le tout (c’est un mal pour un bien, puisque ça me donne l’idée d’utiliser du double-face pour le deuxième test). Le papier découpé étant fin, il a en plus tendance à se plier, se déchirer (moins que le fera la version finale, mais tout de même…) je me dis que si quelqu’un de peu manuel devait faire ce montage, il me maudirait sur 5 générations.
Malgré tout, il reste la satisfaction de voir que le projet prend forme, et plein d’idées pour faire une version améliorée du diorama.
Améliorer le prototype
Je reprends mon document, ne conserve que les languettes permettant de monter le plan du milieu, supprime les autres et les règles qui vont avec. Ouf, on y voit plus clair ! J’en profite aussi pour retoucher certains éléments, agrandir les languettes pour qu’elles soient plus faciles à manipuler, agrandir l’arrière-plan, déplacer des petites choses…
Cela fait, imprimante, scalpel, on attaque le deuxième round ! Voici donc à quoi ressemblera ce que les contributeurs « chanson d’amour » de la campagne Ulule recevront avec leur livre : les trois plans, découpés, prépliés, avec du scotch double-face déjà posé. Pas besoin de s’équiper, il sera prêt à monter sans outil autres que vos doigts, un peu de patience et de délicatesse.
Première étape du montage : insérer les languettes du deuxième plan dans le cadre du fond. Ça, ça va.
Puis il suffit de retirer le film protecteur du scotch pour assembler l’avant du diorama avec le fond. La base du plan central sera fixée au passage.
On continue ensuite avec le côté gauche, pour fixer la languette de côté du plan central. Un problème de moins à gérer, il ne bougera plus !
Reste ensuite à scotcher le haut, puis la droite, et le diorama est monté, prêt à être posé sur votre étagère !
Bon, c’est plus simple que de se battre avec des petites languettes, mais il reste encore un piège : réussir à coller droit ! J’ai un peu bataillé de mon côté, en partie à cause du support beaucoup trop fin, mais j’ai quand même prévu de rajouter des languettes qui ne serviront pas à se glisser dans une fente capricieuse, mais qui permettront de bloquer les angles au moment de coller un nouveau côté, afin d’éviter les décalages qui déformeraient complètement le tout (et là, le diorama ne ressemblerait plus à rien).
Bref, il reste du travail : peaufiner les détails pour que le diorama puisse être monté même par des gens peu bricoleurs, avant de l’envoyer à l’imprimeur, et préparer au moins 7 exemplaires en papier découpé à la main !
Conclusion
J’espère que ce petit aperçu des coulisses vous aura plu ! J’ose espérer que c’est plus distrayant que d’essayer de comprendre la différence entre les modes de conversion en CMJN !
Si le projet vous plaît, sachez que la campagne Ulule de Stray Cat se termine ce vendredi et que l’on a déjà dépassé les 250 %. Si on atteint les 300 % de financement sur Ulule, j’ajouterai des pages couleur dans le livre, notamment une petite BD couleur !
Enfin, si vous avez pris plaisir à lire cet article, mais n’êtes pas fans des récits homoromantiques, vous pouvez toujours donner un coup de pouce au projet en en parlant aux yaoistes de votre connaissance !
Sur ce, bonne journée et bon début de semaine à vous !