Ça vous désole de l’admettre, mais vous êtes complètement coincés sur votre histoire ? Vous ne savez plus comment débloquer votre scénario, comment continuer, comment finir, et vous n’êtes pas loin de tout jeter à la poubelle « parce que de toute façon vous ne le finirez jamais » ?
Attendez un peu avant de désespérer, car cet article est fait pour vous : j’y partage de nombreuses techniques pour débloquer son scénario, que j’ai moi-même utilisées pour mes propres histoires. Avec tout ce que j’ai écrit et dessiné au fil des ans, j’ai eu plus d’une occasion de désespérer devant mon écran… et pourtant, je m’en suis toujours sortie.
Il n’y a pas de raisons pour que vous ne puissiez pas en faire autant, alors c’est parti pour 12 techniques pour débloquer son scénario !
Le « Die and retry »
Le « Die and retry », comme dans les jeux vidéo, c’est la technique de la force brute : on essaye jusqu’à ce que ça marche. Pour le scénario ou les romans, ça revient à réécrire son texte (parfois intégralement) jusqu’à ce qu’on soit satisfait.
C’est sans doute la méthode par défaut des écrivains débutants pour débloquer son scénario.
Elle convient aux auteurs qui écrivent rapidement, à ceux qui se reposent beaucoup sur leur instinct et l’improvisation (les « pantsers »), mais, vous vous en doutez, c’est loin d’être la technique le plus efficace ! Elle demande beaucoup de travail et peut faire tomber dans le cycle de l’éternelle réécriture, avec des auteurs frustrés qui n’arrivent jamais au bout de leur récit à force de le recommencer. Tant qu’on ne sait pas ce qui cloche, cela revient à jouer à la bataille navale en espérant toucher l’effet recherché… et ça peut durer longtemps !
Moi-même, quand j’ai commencé à écrire Bras de fer, j’ai recommencé 2 fois le début, jetant quelques 150 pages de textes.. mais est-ce que je les ai vraiment jetées ? Pas vraiment, puisque j’ai utilisé ces versions pour avoir des retours de bêta-lecture, pour tester différents styles d’écriture et pour établir une première chronologique de l’histoire. C’est pour cette raison que, même si cette technique n’est pas la plus efficace, je prends quand même le temps d’en parler.
Dans quels cas c’est utile
- Pour ceux qui fonctionnent beaucoup à l’instinct
- Quand on reprend un très vieux projet depuis le début et qu’il faut le dépoussiérer
- Quand on cherche le ton/style d’écriture de l’histoire
- Et surtout quand on sait déjà ce qui nous déplaît dans la version précédente.
Attention à ne pas tomber dans l’éternelle réécriture : si vous ne prenez pas le temps de réfléchir à ce qui ne fonctionne pas, réécrire sera bien souvent une perte de temps. Parfois, il vaut mieux laisser les corrections à son « soi du futur » (sous forme d’annotations ou de passages en rouge à corriger) et avancer sur la suite. Une fois votre premier jet terminé, vous aurez une vision d’ensemble qui vous aidera à savoir quoi corriger et comment le faire.
Techniques pour trouver des idées
Ici, je vous propose des techniques ou exercices pour réveiller l’inspiration de ceux qui ont du mal à trouver des idées pour entamer un projet ou débloquer son scénario. Trois outils à choisir et adapter selon ses goûts et ses besoins du moment !
L’impro freestyle
Vous bloquez sur votre texte ou votre scénario, pas moyen d’écrire la suite, l’angoisse commence à monter ? Pour éviter le syndrome de la page blanche, vous pouvez tout à fait relever ce défi : improviser une scène qui n’a aucune chance d’arriver dans l’histoire, en mettant vos personnages dans une situation improbable (que feraient vos héros d’héroïc fantasy s’ils devaient aller à la laverie ?)
Le but n’est pas tant d’avancer l’histoire (ce genre d’improvisation doit souvent être coupée au montage, parce que hors sujet) mais de vous remettre dans une démarche d’écriture ludique. C’est avant tout un moment de jeu, ou vous pouvez faire connaissance avec vos personnages et les découvrir sous un nouveau jour… et qui sait si, pendant ce moment de détente, vous n’aurez pas un éclair de génie qui vous permettra de trouver le chainon manquant pour débloquer votre scénario ?
Quelques exemples de jeux d’impro que vous pouvez tester
- Demandez à quelqu’un de vous donner une liste de 5 mots, et écrivez un passage ou vous les incluez.
- Imaginez vos personnage dans des situations qui n’ont rien à voir avec l’histoire (à la fête foraine, au spa, en panne de voiture) et écrivez comment ils se comportent dans cette situation.
- Testez un générateur d’idées comme ce générateur de retournement de situation (en anglais) et tentez d’écrire la scène correspondante
- Utilisez les mascottes du Nanowrimo pour semer le chaos dans votre scénario, en faisant apparaitre, au choix, un Gator (mascotte du NaNoWriMo) ou la Pelle de la Mort (qui tue ou matraque un des personnages).
- Laissez de côté votre projet pour écrire une nouvelle ou une fanfiction d’un tout autre genre.
N’hésitez pas à demander à votre entourage des idées pour exploser les murs de votre histoire, cela vous permettra de dédramatiser le scénario et faire connaissance avec vos personnages. L’écriture ne doit pas être une corvée mais un plaisir !
Dans quels cas c’est utile
- Vous n’avez pas écrit depuis longtemps et vous avez du mal à remettre le pied à l’étrier
- Vous avez du mal à saisir le caractère et le ton de vos personnages
- Vous êtes intimidés par ce que vous lisez sur l’écriture et le scénario et avez peur de ne pas bien suivre les « bonnes pratiques » de l’écriture.
- Vous travaillez tellement dur sur votre histoire que ça devient un projet trop sérieux pour prendre plaisir à écrire.
Le « Brainstorming »
Vous avez de vagues idées, mais tout est encore très flou ? Ou pire, vous ne savez pas du tout ce que vous allez faire de votre scénario et vous êtes bloqués à un moment sans savoir ce que vous allez faire arriver après ? C’est peut-être le moment de sortir une feuille et un crayon pour faire une cession de brainstorming !
Prenez un concept, un personnage ou un élément de l’intrigue qui vous bloque et construisez autour une carte heuristique avec toutes les idées qui vous viennent à l’esprit, même celles qui vous paraissent mauvaises ou absurdes. Puis explorez les différentes branches en notant de nouvelles idées associées, en laissant votre esprit partir dans tous les sens. Si vous explorez un mot en particulier (par exemple pour participer à un appel à texte) vous pouvez passer par la lecture de définitions et de synonymes pour chercher l’inspiration.
Une fois que vous avez épuisé vos idées, vous pouvez explorer cette carte de mots et d’idées et utiliser ces « briques » pour construire votre intrigue. Vous aurez peut-être déjà eu l’éclair de génie qui débloquera votre scénario, mais si ça n’est pas le cas, vous pourrez trouver des pistes en approfondissant certaines idées ou en les associant.
Dans quels cas c’est utile
- Vous vous lancez dans un appel à projet ou un concours à thème et vous ne savez pas par ou commencer
- Vous avez un thème que vous aimeriez traiter mais vous ne savez pas comment l’intégrer dans votre histoire
- Vous bloquez sur un point de votre histoire sans trop savoir ou vous voulez (ou pouvez) faire aller votre scénario.
- Vous réalisez que vous avez un élément qui mérite d’être développé et vous n’avez pas pris le temps d’y réfléchir.
Attention ! Un brainstorming n’est que la première étape, celle qui vous aidera à trouver les idées pour débloquer son scénario. Après cela, il faut encore prendre le temps de sélectionner les idées, de les organiser et de les intégrer à l’histoire.
Le pont
Cette technique plutôt simple sert dans un cas bien précis : vous avez le début, vous connaissez la fin, mais vous avez un gros trou au milieu. C’est un problème que rencontrent souvent les auteurs qui écrivent de manière très linéaire et qui se laissent porter par leur inspiration… mais si vous avez la fin, en réalité, c’est déjà très bien !
Le principe de cette méthode, quand vous êtes arrivés au bout de ce que vous avez pu écrire dans l’ordre chronologique, est de faire à peu près la même chose… mais à l’envers ! Il suffit de partir de la toute fin de l’histoire, et imaginer l’événement qui se sera passé juste avant, puis celui encore avant, etc..
En procédant comme ça, vous verrez que des choses vous apparaîtront logiques : Votre héros à défait le dragon et sauvé la princesse, ok. Comment a-t-il battu le dragon ? De quoi aura-t-il eu besoin ? Avant d’arriver jusqu’à lui, comment est-il entré dans le château ? Comment l’a-t-il trouvé ? À quel moment trouve-t-il l’épée magique qui lui permettra de décapiter le dragon ? Qui lui aura dit où la trouver ? En empilant ces petites briques, vous allez construire votre scénario à reculons, jusqu’à arriver à ce que vous avez déjà écrit. Comme les deux moitiés d’une arche qui se rejoignent, vous arriverez au milieu du pont, au moment ou vous n’aurez plus qu’à « souder » l’histoire au milieu.
Cette technique ne s’applique pas uniquement à la fin, mais peut aussi fonctionner si vous avez plusieurs moments clés dans votre histoire. Le principe sera le même, sauf que vous construirez un pont en plusieurs arches, chaque pilier étant un moment particulièrement fort de votre histoire (vous savez, ces scènes auxquelles vous pensez avant de dormir et qui vous motivent à elles seules)
Attention : Même si j’ai utilisé plus d’une fois cette technique, elle est réservée à des cas particulier et ne vous sera pas d’une grande utilité si vous ne connaissez pas la fin de l’histoire.
Elle a aussi un gros défaut : tout comme les architectes peuvent faire des erreurs de calcul et avoir un pont dont les deux moitiés ne sont pas alignées, il peut être un peu compliqué de joindre les deux bouts, surtout si le scénario a pris une tournure imprévue. Attendez-vous à devoir faire des ajustement côté écriture pour avoir un résultat harmonieux.
Techniques pour structurer son scénario
Des idées, vous en avez à plus savoir qu’en faire, mais c’est les organiser qui pose problème ? La méthode du pont ne vous est d’aucune utilité ? Pas de soucis ! Ici, je partage des techniques qui vous permettront de structurer votre scénario pour ordonner vos événements, éviter d’en perdre le fil et prendre certaines décisions importantes.
Les post-its
Cette technique très simple fonctionne en deux temps : d’abord, vous résumez chaque événement sous forme de post-it, ensuite, vous les manipulez pour trouver le meilleur ordre en les collant sur une feuille de papier ou un pan de mur selon la place dont vous avez besoin. Vous verrez que certains événements doivent se suivre de manière évidente, que d’autres peuvent s’intercaler plus ou moins facilement.
C’est une de mes méthodes préférées, et pas seulement parce que j’aime jouer aux inspecteurs de police des années 50. Elle est ludique, très flexible (vous pouvez bouger les post-it autant que vous voulez, quitte à les scotcher s’ils ne tiennent plus), et visuelle. Vous verrez tout de suite si le nombre de scènes que vous avez prévu dans un chapitre est équilibré ou non, si vous avez intérêt à le couper en deux… vous pouvez aussi placer les éléments côte à côte si vous faites un récit choral ou il se passe plusieurs choses en même temps.
Vous pouvez aussi utiliser des codes couleurs pour vous y retrouver : une couleur par personnage, par fil de l’intrigue ou par thématique, tout est possible, à vous de trouver ce qui est le plus judicieux. Ces couleurs vous permettront de rassembler les scènes par personnage, si comme moi vous écrivez du point de vue interne, ou au contraire, de mieux équilibrer les différentes intrigues en voyant tout de suite si les couleurs sont harmonieusement réparties.
Dans quel cas c’est utile
- Pour ceux qui ont une idée assez claire des événements mais ne savent pas dans quel ordre les placer
- Pour les histoire complexes, avec des intrigues parallèles ou des enquêtes
- Pour des histoires dont on a le « plan de masse » mais ou on sait qu’il manque des scènes (on rajoute alors des post-it au fur et à mesure que les idées viennent)
- Pour les personnes très visuelles/tactiles, qui ont besoin d’avoir une vision concrète de leur histoire.
Note : quand j’ai fini de mettre en place mes post-its, j’aime bien les conserver sur une feuille A3 pliée en 2, ou chaque case correspond à un chapitre. ça me permet d’avoir un résumé visuel partout avec moi, et de le modifier si besoin.
Les routes multiples
Les routes multiples peuvent être un moyen de prendre des décisions éclairées quand vous ne savez pas quels choix faire. Faut-il tuer ce personnage ou le laisser en vie ? Conserver cet objet ou le faire perdre ? Le principe est simple, il s’agit de « tester » mentalement chaque option, en prenant le temps de noter par écrit le déroulement de chaque version. En détaillant les conséquences de chaque choix, vous découvrirez-peut-être des problèmes de cohérence pour la suite, ou des aspects imprévus qui se révèlent intéressants.
Une fois chaque « embranchement » fouillé, avec ses différentes conséquences, vous avez le privilège que vos personnages n’ont pas : la possibilité de voir l’avenir et de faire les choix qui vous arrangent !
Vous pouvez faire ce genre de tests en prenant des schémas sur papier, des post-it (encore) ou utiliser des logiciels de fiction hypertexte comme Twine.
Dans quels cas c’est utile
- Quand vous hésitez sur un choix qui vous empêche d’écrire la suite de l’histoire.
- Quand vous hésitez entre plusieurs fins.
- Quand vous devez développer une intrigue secondaire qui s’intègre bien au scénario principal.
Cette méthode peut être très utile pour prendre des décisions difficile et bien connaître les tenants et aboutissants de l’intrigue, mais attention à ne pas l’utiliser de manière systématique : vous risquez d’y passer beaucoup de temps sans que ça soit utile… ou de vouloir explorer tous ces choix tous plus intéressants les uns que les autres en écrivant une histoire à choix multiples. (Je parle en connaissance de cause !)
La méthode flocon
Ce n’est pas la première fois que je parle de la méthode flocon (et sans doute pas la dernière) mais c’est un outil d’écriture que j’utilise très souvent et qui peut être utile pour débloquer son scénario.
L’idée est de partir d’une vue d’ensemble que l’on structure et fractionne pour retravailler des éléments de plus en plus petits en traitant les différents aspect de chaque « unité ». Cette technique, très méthodique, permet de détecter les zones floues de l’histoire et s’y concentrer plus précisément, de lister les « plots holes », et d’avoir une vue d’ensemble sur les événements qui se passent avant et après pour mieux l’amener. En n’étant pas encore dans l’écriture pure et dure, on peut se poser des questions sur le rythme de l’histoire, l’utilité de la scène, les moments de bascule de tel ou tel personnage, sans se perdre dans les détails.
Son principal avantage est qu’elle peut fonctionner à tous les niveaux pour débloquer son scénario : de la structure des arcs à celle d’une scène, le fait de planifier avant d’écrire permet de voir à l’avance les problèmes qui nous attendent et d’y réfléchir à tête reposée. Il m’est déjà arrivé de bloquer sur l’écriture d’une scène et de reprendre la méthode flocon pour la structurer davantage et trouver à quel niveau ça coinçait (psychologie/motivation du personnage, déroulement des événements, etc.)
Dans quels cas c’est utile
- Vous avez déjà un « plan de masse » ou une série d’événements bien définis, mais vous avez besoin de structurer l’histoire plus en détail, de « boucher les trous » et de définir l’enchainement.
- Vous êtes un « planner » : un auteur qui a besoin de savoir exactement où il va avant de se lancer dans l’écriture ou le storyboard.
- Vous vous lancez dans une histoire longue et avez besoin d’avoir une vue d’ensemble.
- Vous préparez un scénario de BD ou de manga (la méthode flocon se prête particulièrement bien à ce format)
Techniques pour débloquer son scénario en identifiant un problème
Je viens de parler de « plot holes », une expression que vous ne connaissiez pas encore.
Littéralement, ça signifie « trou de scénario ». C’est ce moment où l’intrigue repose sur une zone d’ombre, une grosse facilité scénaristique ou pire, une incohérence ou une impossibilité technique. Celui qui, quand vous regardez un film, vous fait avoir cette tête-là :
Comment l’ami du héros l’a-t-il retrouvé pour le libérer en sachant juste qu’il était dans le quartier de Manhattan ? Si tel personnage avait une machine à voyager dans le temps, pourquoi n’a-t-il pas sauvé sa femme au lieu de se lancer dans des expériences ultra-dangereuses pour la ressusciter ? Des plus grossiers aux plus discrets, les exemples sont nombreux même dans les films et livres édités.
Soyons honnêtes : écrire un bon scénario, c’est difficile, et plus l’histoire est longue et complexe, plus vous rencontrerez de plot holes sur votre chemin. Certains pourront être corrigés à la relecture et vous pouvez avoir la flemme d’expliquer une chose qui n’apporte rien de plus à l’histoire et laisser des zones d’ombres, mais il vaut mieux avoir vous-même une idée, au moins vague, du déroulement des événements. Certains lecteurs seront prêts à accepter quelques faiblesses scénaristiques si elles permettent une scène particulièrement spectaculaire ou amusante. Bref, les plots holes sont parfois inévitables… mais moins il y en a, mieux c’est.
Là où c’est vraiment un problème pour vous, c’est quand vous êtes en face d’un de ces trous dans le scénario : un événement que vous n’arrivez pas à justifier, ou une scène que vous n’arrivez pas à écrire parce que vous sentez que quelque chose cloche, mais sans arriver à trouver pourquoi. Si vous êtes dans ce genre de situation, voici quelques pistes pour se sortir de là et débloquer son scénario.
La question qui tue
Est-ce que votre scène sert à quelque chose ?
Cette question est dure, mais salutaire. Si vous n’arrivez pas à écrire un passage de votre histoire, si rien ne tombe juste, c’est peut-être tout simplement parce qu’il n’a pas (ou plus) sa place dans l’histoire. Il peut casser le rythme ou le ton du récit, créer des contradictions dans le scénario, répéter des choses déjà connues, ou expliquer avec de nombreuses circonvolutions un détail de l’intrigue ou de l’univers ultra secondaire qui n’intéresse personne…
Dans ce cas, la solution est radicale : votre scène ne sert à rien ? Virez-la. Oui oui, même si c’est une des premières scènes qui vous a inspiré cette histoire et que vous y êtes attachés. Une histoire, c’est vivant, ça évolue, tout comme les cellules de notre corps meurent et sont remplacées par d’autres, certains éléments de votre histoire sont voués à disparaître pour le bien de l’ensemble.
Le passage peut être remplacé par un autre qui fonctionne mieux, ou retiré complètement. Ne soyez pas tristes si vous l’aimiez : ce dialogue, cette image ou ces personnages pourront peut-être réapparaître, sous une autre forme, dans un autre projet…
Si il devait quand même amener un élément important, intégrez-le ailleurs dans l’histoire. J’ai déjà viré des chapitres de Bras de fer en réalisant que ce que j’avais prévu d’y amener ne justifiait pas d’écrire un chapitre entier. Un flash-back ou un dialogue placé ailleurs suffirait à faire passer l’essentiel du message.
Et si, après réflexion, cette scène a vraiment une utilité, en vous en rappelant, vous retrouverez de la motivation à l’écrire. Vous pourrez la retravailler pour la rendre plus efficace, ou y ajouter d’autres enjeux pour l’enrichir.
Dans quel cas c’est utile
- Quand vous sentez que vous trainez des pieds pour écrire un passage en particulier alors que l’histoire vous plait dans l’ensemble.
- Quand vous avez un format limité et que vous devez faire des choix.
Mettre ses personnages sur le divan
Mes histoires reposent beaucoup sur les personnages, leur psychologie et leur caractère… c’est pour cette raison que c’est souvent ce point qui me bloque dans l’écriture. Vous savez, ce moment ou vous avez votre scénario, mais que vos personnages ne sont pas d’accord pour suivre le script que vous avez prévu pour eux et font grève ?
C’est le moment de les mettre sur le divan et d’enfiler votre costume de psy : s’il est impossible pour vous d’écrire une scène, c’est un signal d’alarme fort, le signe que vous ne respectez sans doute pas le caractère ou les qualités de vos personnages.
Un personnage qui a le pouvoir de lire dans les cœurs ou détecter les mensonges ne peut pas tout à coup tomber stupidement dans le panneau, et un génie imperturbable ne va pas se comporter de manière absurde… ou alors, il va falloir trouver une justification en béton pour expliquer cette transformation. Est-ce que vous respectez les qualités de vos personnages, et est-ce que vous les faites agir de manière logique ?
Un autre aspect important, c’est la psychologie et les motivations de votre personnage. S’il fait une action qui va directement contre ses intérêts, il ne faut pas qu’il en ait conscience… ou alors il faut que ce comportement contre-productif soit justifié par un autre aspect de son caractère (c’est là que leurs névroses peuvent vous aider). Il peut arriver que vous réalisiez que, si votre personnage pouvait parler, il vous dirait « C’est complètement con, jamais je ferais ça ! ».
Une fois que vous avez mis le doigt sur la nature du problème, vous avez fait la moitié du chemin. Il ne reste plus qu’à modifier la scène pour rendre la situation plus cohérente, soit en modifiant l’état psychologique du personnage ou les informations qu’il a en main pour qu’il ait de meilleures raisons d’agir comme il le doit, soit en modifiant le déroulement des événements pour « ne pas lui laisser le choix ».
Il n’y a pas de réponse unique à ce problème (tout dépend des personnages et de la scène) et trouver la solution pour débloquer son scénario prendra peut-être du temps, mais avec un peu d’imagination et de persévérance, vous y arriverez !
Dans quels cas c’est utile
- Quand vous coincez sur une scène sans savoir pourquoi.
- Quand une scène est censée être forte émotionnellement mais que vous trouvez qu’elle manque d’impact.
- Quand vous avez l’impression que vos personnages sont trop « plats » et se comportent comme des marionnettes.
- Si vous avez l’impression de mal connaître vos propres personnages (cela peut être l’occasion de les retravailler).
Le 360°
La méthode du 360°, c’est un peu l’artillerie lourde du déblocage de scénario. Si vous avez déjà étudié vos personnages et conclu que non, le problème ne venait pas de là, c’est que cela vient d’ailleurs et qu’il faut faire le tour complet de votre projet.
C’est peut-être le moment de faire un check-up de votre histoire :
- Relisez tout : le scénario, les fiches de personnages, les scènes déjà écrites, les notes en vrac…
- Prenez des notes au fur et à mesure sur les points importants, ceux qui posent problèmes, ceux que vous aviez oublié et qui pourraient être intéressants.
- Faites le point de votre scène ou histoire au moment T : Où en sont les personnages ? Où en est l’intrigue ? Est-ce qu’il vous manque des informations ou des éléments pour écrire votre scène ? Est-ce qu’il y a un personnage oublié en train de se ramollir dans un coin ?
- Si vous avez besoin de créer un événement ou une sous-intrigue, basez-vous sur ce qui existe déjà (ça peut être un simple nom, un détail de conversation, ou quelque chose de plus important). En réutilisant des éléments que vous aviez semés, vous vous évitez d’en créer de nouveaux, vous bouclerez une boucle et vous ferez plaisir au lecteur attentif qui aura retenu tel ou tel détail.
Dans quels cas c’est utile
- Quand les autres méthodes que vous avez testé n’ont pas fonctionné.
- Quand vous n’avez pas écrit depuis longtemps et que vous avez besoin de vous remettre le scénario en tête.
- Quand vous vous apprêtez à faire un grand changement dans l’intrigue, qui peut vous obliger à faire beaucoup de remaniements dans l’histoire : mieux vaut les lister pour pouvoir corriger plus facilement et éviter les incohérences.
L’appel au secours
Vous avez retourné le problème dans tous les sens, mais vous ne savez toujours pas d’où vient le problème ? Ça arrive, et ce n’est pas grave : des fois, on a juste trop le nez dans son projet et son univers pour trouver le problème ou sa solution. Dans ce cas, rien de tel pour débloquer son scénario que d’en parler à quelqu’un !
Vous pouvez en discuter avec votre meilleur-ami-qui-connait-déjà-le-lore-de-votre-univers, avec votre conjoint, avec d’autres auteurs… Choisissez des gens que vous savez bienveillants (personne n’a envie de s’entendre dire que son projet est mauvais alors qu’il bloque déjà dessus), mais qui seront assez honnêtes pour vous apporter de vraies questions, conseils et critiques.
C’est aussi à ce stade là que vous pouvez faire appel à un coach ou un accompagnant professionnel qui aura un regard tout neuf sur votre projet.
La personne en face de vous est différente de vous, pensera autrement, et sans avoir travaillé dessus des mois ou des années, sans la lassitude d’avoir ruminé l’histoire, pourra voir des choses qui vous échappent ou poser les bonnes questions pour avancer. Parfois, il pourra juste vous rassurer… et vous réaliserez que c’est tout ce dont vous aviez besoin !
Dans quels cas c’est utile
- Vous avez retourné un problème dans tous les sens et testé d’autres techniques, sans succès.
- Vous avez tellement le nez dans votre histoire que vous ne savez même plus si elle est compréhensible pour le futur lecteur, si vous en expliquez trop ou pas assez…
- Vous traversez une période de doute et avez besoin d’un avis extérieur sur la qualité de votre travail et les améliorations possibles.
Variante : La méthode du canard
Plus la personne connait votre projet, plus il sera facile d’en parler, mais paradoxalement, il peut être plus utile d’en discuter avec quelqu’un qui ignore tout du projet. Cela vous obligera à expliquer des choses qui vous paraissent évidentes, et lui feront poser des questions parfois candides mais souvent utiles.
La variante extrême est la méthode du canard en plastique (qui a sa propre page wikipedia, n’est-ce pas merveilleux ?). Venue du milieu du code informatique, elle part du principe que parfois, quand on bloque, le problème peut être résolu simplement en l’expliquant dans les moindres détails à quelqu’un qui n’a aucune compétence dans ce que l’on fait. En passant tout en revue à voix haute, on peut ainsi découvrir soi-même son erreur, la personne en face n’ayant aucune autre utilité que d’écouter, au point de pouvoir être libérée et remplacée par… un canard en plastique.
Faire un break
Vous avez essayé toutes les méthodes, et aucune ne marche ? C’est le moment de faire une pause et de mettre de côté votre scénario. Oui, c’est aussi une méthode pour débloquer son scénario : l’abandonner dans un coin et penser à autre chose, jusqu’à ce que l’envie et l’inspiration reviennent.
Vous pouvez être épuisé (parce qu’être auteur, c’est parfois épuisant), en avoir marre de ce projet, avoir d’autres choses en tête qui prennent le pas sur votre histoire… et il n’y a pas de honte à ça ! Votre vie ne se résume pas à vos histoires, et il est important de prendre soin de vous en tant que personne.
Pensez aussi que l’écriture, c’est un processus très vivant et pas toujours contrôlable. Parfois, il faut juste lui laisser du temps : le temps de lire d’autres choses, de glaner des idées, de vivre votre propre vie et de mûrir. Bras de fer, qui est ma plus grosse histoire, reste parfois en plan pendant des mois, le temps de digérer une scène difficile ou de saisir le cheminement psychologique de tel ou tel personnage.
Cela peut être très frustrant, mais le mieux est encore de l’accepter. De la même manière que vous ne ferez pas pousser des fraises plus vite en allant les arroser et les observer tous les jours, certains projets ont parfois besoin qu’on les laisse tranquilles un moment.
Conclusion
Voilà 12 techniques pour débloquer son scénario, avec des méthodes très différentes, plus ou moins fantaisistes et répondant à diverses situations.
Leur point commun ? Je les ai toutes testées ! N’hésitez pas à les combiner et à les adapter à votre sauce. Le but est moins de suivre un protocole que de trouver le bon « angle d’attaque » pour dénicher et corriger ce qui vous pose problème.
En tout cas, j’espère que cet article vous aura plu, et que vous trouverez dans le lot les techniques qui vous aideront à avancer dans votre projet d’écriture.
Bon courage pour la suite de vos aventures !
Wow merci pour ton article très complet et super utile !!
En plus il ne pouvait pas mieux tomber, je suis justement bloquée depuis des mois sur mon scenario…
Je pense appliquer en premier lieu la methode des post-it, elle a l’air très intéressante.
Et je suis soulagée de découvrir Twine, j’avais justement besoin d’un outil comme ça pour pouvoir tester deux paths scénaristiques tout en les comparant.
Merci beaucoup et beau travail pour cet article complet !!
C’est vraiment l’article le plus complet et utile que j’ai lu .merci énormément !