Dans cet article, nous allons aborder les techniques de composition !
Comme la composition d’une planche de BD diffère de celle d’une illustration, nous étudierons pour commencer la composition en illustration de manière générale, puis nous analyserons le cas plus précis de la composition d’une planche de BD.
À nos crayons !
Définition de la composition
La composition est le fait d’arranger les éléments d’une image, d’une manière qui soit agréable à l’œil et facile à lire, à comprendre, pour la personne qui la regarde.
Lorsqu’une composition est bien réalisée, le regard du spectateur est attiré instinctivement par les éléments les plus importants de l’image.
La composition en illustration
Structurer une image
Il existe plusieurs grilles de composition qui vous aideront à structurer vos illustrations.
Certaines de ces techniques existent depuis plusieurs siècles et vos professeurs d’arts plastiques vous en auront sûrement expliqué quelques rudiments, en vous faisant étudier des peintures classiques.
Il s’agit plus de guides que de structures à appliquer au centimètre près, mais si vous débutez en illustration, ces grilles pourraient devenir vos alliées !
Le ou les éléments principaux
Chaque illustration raconte une histoire, par le biais de sa composition.
Quand vous construisez une image, vous devenez une sorte de metteur en scène et les éléments principaux de votre illustration, vos sujets, sont vos acteurs.
Je dois vous préciser qu’il ne s’agit pas forcément de personnages !
Si vous dessinez un paysage, alors certains composants de votre image, tel qu’un pont, un arbre, une maison… peuvent à leur tour devenir vos acteurs, s’ils sont le centre d’intérêt de votre illustration.
Votre but, en tant que metteur en scène, sera donc de mettre en avant ces éléments principaux, vos acteurs, pour que le spectateur comprenne en un coup d’œil par qui (ou par quoi) passera le message que vous voulez transmettre.
Voyons à présent quelques astuces pour s’assurer que spectateurs voient ces éléments en premier.
Règle des tiers
Vous avez certainement entendu parler de cette méthode, qui est l’une des plus facile à mettre en place, et donc, l’une des plus utilisée…
La règle des tiers consiste, comme son nom l’indique, à diviser l’image en trois dans la largeur et dans la hauteur, pour en faire une grille.
Les intersections de ces lignes seront des guides pour positionner les acteurs de vos illustrations de manière intéressante, tout en restant dans la zone centrale de votre image.
La spirale d’or
Aussi appelée « spirale de Fibonacci », la spirale d’or est tracée à partir du rectangle d’or, qui lui-même est construit selon le nombre d’or.
C’est un peu flou, me direz-vous ? Oui. Mais Wikipédia nous explique très bien comment utiliser le nombre d’or sur cette page, que je vous invite à aller lire.
Dans vos compositions, la spirale d’or s’utilise à peu près de la même façon que la règle des tiers : il faut chercher à aligner les éléments de votre illustration avec la ligne de la spirale.
Ne vous sentez pas obligé de tout positionner en fonction d’elle, mais avoir quelques éléments alignés sur sa courbe résultera en un effet très satisfaisant pour l’œil.
Utilisation de formes géométriques
C’est une technique qui marche très bien avec les personnages.
Lorsque vous souhaitez mettre en scène un acteur unique, par exemple pour présenter un nouveau personnage (cf : Créer un character design original), la pyramide vous aidera à le mettre en valeur.
Quand votre illustration met en scène de nombreux personnages, les organiser grâce à une forme géométrique vous permettra de créer une composition intéressante.
Parmi les formes les plus utilisées, on retrouve :
- Le triangle (pyramide)
- Le cercle
- La croix…
Drew Struzan (l’illustrateur de génie qui a réalisé de superbes affiches de film) fait la composition de ses posters en suivant une forme géométrique.
Celui d’Indiana Jones, à gauche, suit la forme d’une croix : si vous tracez les diagonales entre les personnages qui font les quatre coins de l’image, Indiana sur son cheval se trouve dans la zone du centre. Les deux visages en gros plan qui surplombent le reste de l’illustration se trouvent dans la forme en V du haut de la croix.
Celui d’Harry Potter, à droite, inscrit tous les personnages dans un cercle. Les ailes de la chouette Hedwige brisent la monotonie du cercle et apportent un peu de dynamisme à cet ensemble très organisé.
Lignes de force
Les lignes de force (aussi appelées lignes directrices) sont une sorte de rail, servant à emmener le regard du spectateur jusqu’aux éléments que vous souhaitez mettre en évidence dans votre illustration.
Elles peuvent être alignées sur les lignes de construction de votre perspective, mais il est possible également d’utiliser les éléments graphiques présents dans votre image : le décor, les vêtements, les outils/accessoires…
Dans l’illustration ci-dessus, Reoen attire l’attention sur son personnage en utilisant de nombreuses lignes de force.
La plupart sont créées par la perspective des bâtiments, dont toutes les lignes convergent jusqu’au personnage, centré en bas de l’image.
Les bâtiments en arrière plan sont presque effacés, mais leur verticalité et le fait qu’ils soient centrés dans l’image, fait qu’ils dirigent également le regard du spectateur dans la direction du personnage. Même chose avec le motif vertical, que l’auteur a dessiné sur le soleil (ou est-ce la lune?)…
L’auteur utilise également les contrastes (le personnage forme la masse la plus foncée de l’illustration), la profondeur de champ (le décor derrière le personnage est plus clair, pour qu’il se détache encore plus clairement) et une silhouette humaine lisible pour attirer l’attention du spectateur.
(Je parle de ces astuces ci-dessous)
Symétrie et asymétrie
Utiliser cette technique dans vos images mettra facilement en valeur vos décors, en particulier lorsque l’acteur central est un bâtiment.
Cette technique vise à présenter l’élément principal au centre de l’image, avec des éléments très similaires (ou identiques) de chaque côté de celui-ci.
La symétrie engendrée mettra en évidence que le sujet central est unique, et donc plus important à regarder que le reste de l’illustration.
Voici un exemple de composition symétrique appliquée à un personnage.
Marumiyan a donné à la globalité de son illustration une forme de papillon aux ailes symétriques. Pourtant, il ne s’agit pas d’une symétrie parfaite, puisque les deux insectes qui forment les ailes sont différents.
Le personnage au centre se tient dans une pose statique et les deux côtés de son corps sont symétriques. Pourtant, les motifs sur ses vêtements viennent briser la monotonie de sa posture.
L’illustrateur détache légèrement son personnage du reste de l’image en posant quelques couleurs moins saturées derrière lui (du blanc, surtout), mais il utilise la même gamme de couleur pour la totalité des éléments sur la forme de papillon, pour donner un sentiment d’unité.
Cadres
La technique du cadre consiste à imbriquer le ou les acteurs dans un second cadre visible à l’image pour les mettre en valeur.
Il ne s’agit pas forcément d’un cadre au sens propre, il est possible d’utiliser des éléments de décor pour en fabriquer un.
Dans l’illustration ci-dessus, Yoshida Seiji créé un cadre dans le cadre à l’aide du portique où est accrochée le luminaire. Il met en valeur le centre de l’image où se tient l’acteur principal de l’image.
La jeune fille est le seul élément de l’image en rouge vif, et derrière elle le décor est dé-saturé, pour la faire ressortir. De plus, la seule couleur présentant la même saturation est l’herbe, en vert vif, qui est la couleur complémentaire du rouge.
Les lignes de forces sont très nombreuses sur cette illustration : la perspective des pavés, les bâtiments, les panneaux publicitaires, la lampe et la végétation… Tout ces éléments orientent l’œil du spectateur dans la direction du personnage central.
Dans cette illustration, Shikimi utilise un cadre dans le cadre au sens propre pour faire sa composition. Le décor de la fête foraine est contenu dans ce cadre, dont seul le personnage et quelques éléments en rapport avec le thème s’échappent.
Les couleurs de cette illustration sont dé-saturées, et l’auteur a dû jouer sur des contrastes importants pour mettre en valeur le personnage acteur : le décor en fond est presque noir, tandis que la peau de la jeune fille est extrêmement blanche.
Jouer avec les réglages
Voici quelques astuces pour améliorer votre composition pendant que vous créez une illustration.
Contraste et lumière
Orientez l’œil de votre spectateur vers les acteurs de vos images en jouant avec l’intensité des contrastes de vos éléments.
Pour faire ressortir vos éléments principaux, il suffit de leur donner les contrastes les plus forts : le personnage sera l’élément le plus sombre, ou au contraire le plus lumineux du reste de l’image.
En opposant l’ombre à la lumière, vous accentuerez encore ce contraste. Par exemple, si vous décidez de positionner votre acteur dans la lumière, essayez d’accentuer les ombres tout autour de lui, pour que la luminosité semble encore plus intense.
Le style d’Akiakane est extrêmement chargé en détails et toutes ses couleurs sont très saturées. Pourtant, l’ensemble reste lisible, parce qu’il a une bonne gestion des contrastes.
Il fait en sorte que la silhouette de son personnage se détache du reste de l’image, en appliquant derrière une ombre en dégradé. Il utilise également des dégradés dans ses couleurs, pour garder une bonne harmonie sur l’ensemble de l’illustration.
Saturation
Il s’agit d’une astuce similaire à celle du contraste.
Lorsque vous passez votre illustration à la couleur, soyez conscient de vos choix, de l’intensité de la palette que vous allez utiliser : si vous donnez à vos acteurs principaux une teinte légèrement plus saturée que pour le reste de votre image, vous les mettrez automatiquement en valeur.
Profondeur de champ
Une autre méthode pour mettre en valeur vos éléments principaux, est de jouer sur la profondeur de champ.
N’hésitez pas à flouter légèrement l’arrière plan pour faire ressortir votre premier plan, ainsi le regard du spectateur saura instinctivement vers quoi se diriger.
Le jeu des silhouettes
L’œil humain est capable de reconnaitre les silhouettes auxquelles il est habitué, telles que :
- Des petits outils du quotidien
- Une théière,
- Une paire de ciseaux,
- Un parapluie…
- De grands objets
- Un arbre,
- Un pont,
- Une voiture…
- Des êtres vivants
- Cerf,
- Lapin,
- Être humain…
Par exemple, si vous placez une silhouette humaine dans votre illustration, le regard du spectateur sera grandement attiré vers elle, puisqu’elle lui semblera familière en un clin d’œil.
Quelques astuces supplémentaires
Plus d’espace devant le regard
Quand un personnage unique se situe dans la zone centrale d’une illustration, il est conseillé de laisser un plus grand espace du coté où se dirige son regard, comme si le regard lui même était considéré comme un acteur dans l’image.
Cette astuce aide à donner une respiration autour des protagonistes.
Notion d’échelle et de perspective
Lorsque vous construisez votre image, essayez de positionner certains éléments (de décor ou des personnages) au premier plan.
Cela créera une profondeur de champ qui donnera plus de vie à la scène.
Pour donner ce sentiment, variez non seulement la taille des objets (plus grands quand ils sont plus près), mais aussi leur contraste (on fera généralement les premiers plans en plus foncés).
Variez également l’épaisseur de vos traits, pour un effet intéressant : plus gros au premier plan et très fin pour les arrières plans…
Répétition et rupture
Cette astuce ne peut pas être utilisée souvent, mais elle est plutôt facile à mettre en place.
Quand vous créez une répétition dans votre illustration, le plus intéressant sera de la rompre avec vos acteurs principaux.
Le fait que presque tous les motifs soient identiques attirera irrésistiblement l’œil du spectateur sur ce qui se démarque.
Equilibre visuel
Lorsque vous avez des éléments forts dans votre image, (par exemple une lumière intense, un gros plan sur un personnage…) et qu’ils ne se trouvent pas au centre, la composition s’en trouve déséquilibrée.
La solution pour rétablir cet équilibre, est tout simplement de placer un élément similaire, mais moins fort, sur l’autre moitié de votre illustration pour contre-balancer l’acteur principal.
Attention ! Il s’agit ici de l’équilibre global !
Ne vous sentez pas obligé de faire une illustration droite (avec une construction parfaitement horizontale) pour suivre cette astuce. Au contraire, rompre la stabilité d’une image en la dessinant légèrement en diagonal peut apporter du rythme à votre scène !
Ci-dessus, cette illustration de Posuka Demizu (dessinatrice de The Promised Neverland) est un exemple d’équilibre dans une composition. Le bateau et le dragon sont les deux acteurs de l’illustration, et le poids de l’un est contre-balancé par le poids de l’autre.
L’illustratrice a pris le parti de dessiner la scène en diagonale, comme je vous le disais plus haut, pour donner du dynamisme à l’action.
Mise en application
Je ne vais pas vous mentir, faire de la composition d’image sera beaucoup plus simple pour vous si vous dessinez au numérique !
Une technique traditionnelle vous demandera beaucoup plus de temps à mettre en place, en raison des nombreux tests à effectuer, ainsi que des étapes supplémentaires qu’elle nécessite.
Voici quelques astuces pour mettre en application les différentes techniques de composition citées plus haut !
Au numérique
Le dessin numérique offre la possibilité de modifier l’image après coup, si on organise chaque élément de l’image sur des calques différents.
Vérifier les contrastes
Pour vérifier les contrastes de vos images facilement, créez un calque que vous remplirez complètement en noir. Dans les options, passez-le en mode « couleur ».
Si vous le positionnez au dessus de tous vos autres calques, votre illustration passera en noir et blanc, et il vous sera beaucoup plus facile de voir où accentuer vos contrastes !
Quelques outils
- L’outil lasso : il vous sera surtout utile quand vous dessinerez votre croquis, car vous le dessinerez sûrement sur un seul et même calque. Grâce à lui, vous pourrez sélectionner les éléments, puis les positionner différemment dans l’image.
- L’outil transformation : il vous permettra de déformer, tourner, agrandir/rétrécir, ou retourner votre image, ou certains éléments seulement si vous l’associez à l’outil lasso.
- Là encore, il s’agit d’un outil qui s’utilise à l’étape du croquis, car la résolution de la zone modifiée pourrait être altérée.
- L’outil symétrie : pour vous aider à construire une image centrée et symétrique, il est possible d’appliquer un effet miroir à votre dessin. Tout ce que vous dessinerez d’un côté de l’image sera dessiné en même temps de l’autre côté !
- (Attention, vos images seront beaucoup plus intéressantes si vous n’utilisez cet outil que comme base avant de faire votre croquis, car une symétrie parfaite en tout point de vue a quelque chose de dérangeant à l’œil humain. Comme on le dit et le répète, « rien n’est parfait » !)
Correction de teinte
Cette option vous permettra de modifier vos couleurs sans avoir besoin de refaire votre colorisation.
Vous pourrez obtenir un rendu plus ou moins saturé, plus ou moins lumineux, plus ou moins contrasté…
Au traditionnel
Table lumineuse
C’est un outil qui vous aidera grandement lors de la construction de votre composition : vous pouvez superposer votre feuille de dessin sur une feuille avec le schéma de la règle des tiers ou de la spirale d’or par exemple, ainsi vous saurez ou dessiner vos éléments pour les mettre en valeur !
Vignettes test
Avant de faire la couleur de votre illustration, je vous conseille de faire quelques tests sur des vignettes pour ne pas regretter votre choix de palette !
Les vignettes sont des versions miniatures de vos dessins, qui vous permettront d’avoir une vue globale de la composition.
Vous pouvez, au choix :
- Redessiner plusieurs fois une version très simplifiée du line de votre image, dans une taille beaucoup plus petite.
- Scanner votre line, le dupliquer plusieurs fois et l’imprimer pour faire des essais sur papier.
- Ou tout simplement faire vos essais de couleur au numérique, avant de l’appliquer avec votre technique traditionnelle…
Mélanger les médiums
Certains médiums, tels que les feutres à alcool et l’aquarelle, sont difficiles à modifier, une fois appliqués sur un dessin.
Mais si vous souhaitez augmenter vos ombres ou vos lumières pour améliorer votre composition, vous pouvez utiliser un médium différent à appliquer par dessus !
Je vous conseille le crayon de couleur, qui est facile à appliquer et très précis, mais vous pouvez aussi utiliser de la gouache ou de l’acrylique.
La composition en BD
La composition d’une planche de BD, de Comic ou de Manga va utiliser en grande partie les règles et astuces dont nous avons parlé précédemment.
De nouveaux éléments
La grande différence entre la composition d’une planche et celle d’une illustration, c’est l’apparition de nouvelles contraintes qu’il va falloir apprendre à mettre en place.
La présence des bulles
Nous les avions étudié en détail dans un article précédent que vous pouvez retrouver juste ici : Anatomie d’une bulle de BD.
Les BD, Comics et Manga racontent rarement une histoire sans la présence de bulles de dialogue. Vous serez donc sûrement amenés à faire des compositions de pages où vous devrez les prendre en compte.
Il est important de prendre en compte le trajet que devra prendre le regard du lecteur en lisant vos textes. La position des bulles doit être réfléchie, elles sont donc à prendre en considération lorsque vous faites la composition de votre planche.
Onomatopées
Les onomatopées sont à la fois du texte et du dessin. Elles donnent vie à votre histoire en y apportant du bruit.
Pensez à les positionner dans votre composition dès que vous faites l’esquisse de votre storyboard, car mal les placer dans votre planche risque de perturber l’œil du lecteur.
Travailler les cases
Vos cases doivent être considérés comme des acteurs à part entière de votre composition.
On s’en rend surtout compte dans les mangas, mais les cases peuvent appuyer le message que vous cherchez à transmettre au lecteur. Voici quelques exemple :
- Dans les scènes d’action, l’utilisation de cases penchées (en diagonales) accentuera le mouvement.
- Les évènements importants seront dessinés dans de grandes cases.
- (Tandis que des évènements mineurs n’auront besoin que de petites cases…)
- Vous pouvez superposer les cases d’une action pour exprimer la rapidité d’une scène.
- Vos personnages peuvent sortir du cadre de leurs cases pour leur donner de l’importance, pour traduire leur détachement vis à vis d’une situation, etc.
Dans cette double page de Batwoman, le dessinateur obtient un impact visuel très fort grâce à un découpage très travaillé.
En glissant la forme de chauve-souris sous le visage de Batwoman, il rappelle le symbole de celle-ci. Il lui fait surplomber toutes les cases de la scène pour la rendre imposante.
Les gouttières (les espaces entre les cases), sont dessinées comme des éclairs, car l’action se déroule sous la pluie…
Composition d’une planche
L’aspect narratif dans une planche
Généralités
Lorsque vous faites la composition d’une planche, il vous faut prendre en compte l’aspect narratif de celle-ci.
Contrairement à une illustration, une page de BD raconte une histoire qui se déroule dans le temps. Les cases aident le lecteur à avancer dans la lecture, et il comprend que d’une case à l’autre, un moment (variable) c’est écoulé.
Voici un exemple de planche avec une composition narrative. Bien qu’il s’agisse d’une seule et même illustration, le découpage en plusieurs cases donne instinctivement au lecteur le sentiment que le temps s’écoule en passant de l’une à l’autre.
Ici, les personnages sont re-dessinés dans chaque case pour exprimer l’enchainement de l’action.
De la même manière, la mangaka Kamome Shirahama a décidé de faire la composition de cette planche en combinant plusieurs cases, comprenant le même décor, pour décrire le déroulement d’une action dans le temps.
La couleur comme outil de narration
Si vous coloriez vos planches, vous pourrez utiliser votre palette pour aider votre composition. Les couleurs peuvent exprimer une atmosphère, un sentiment…
La composition de cette planche de Mathieu Bablet nous permet de comprendre visuellement, grâce aux couleurs qu’il utilise, de quel côté du mur se déroule la scène.
Dans les cases de cette page, le bleu exprime le calme du personnage du roi, tandis que le rouge-orangé est dédié aux scènes de bataille et aux soldats.
Harmonie dans la composition
Il vous faudra prendre en compte le fait qu’une planche est un ensemble d’illustration inscrites dans des cases : vous devrez donc veiller à son équilibre global lors de sa composition.
N’hésitez pas à varier les plans, car une planche ne contenant que des cases similaires finira par lasser le lecteur. De même, essayez de faire différents angles de vue selon les cases.
La composition de cette planche est très équilibrée grâce aux différentes touches de rose (cheveux et toiture), placées en triangle dans le centre de la page.
L’auteur varie également les plans mais décide de positionner deux cases avec des plans similaires de part et d’autre de la planche, ce qui accentue le sentiment d’équilibre dans la composition.
Composition d’une double page
Évitez de placer des éléments importants dans la première page de votre double page, car le lecteur se tournera instinctivement vers l’action principale et risque de ne même pas lire ce qui se passe avant.
Dans cette double page, Adachitoka a pris le parti de raconter comment l’héroïne attrape la main du héros. Si le lecteur ne prend pas le temps de regarder, ce n’est pas si grave. Mais ce détail de la scène apporte une plus value à la scène.
Conclusion
Cet article touche à sa fin. J’espère qu’il vous aura aidé à y voir un peu plus clair !
Ces règles de composition et autres astuces ne sont aucunement à utiliser obligatoirement. Mais elle peuvent vous aider à améliorer votre technique !
Le fait de sortir de votre zone de confort pour faire des tests vous fera sans aucun doute progresser, alors n’hésitez pas à essayer : c’est en dessinant qu’on apprend !
À très bientôt pour un nouveau tutoriel !
Bibliographie
- Understanding Composition, (vidéo en anglais) de Blender Guru
- Witch Hat Atelier: Visual Storytelling through manga panelling, (vidéo en anglais) de Lines in Motion
- Manga Bible 3 : Composition, Michinobu Tanaka et l’Enpitsu Club, éditions Soleil Manga
- Concevoir et réaliser une BD, toutes les étapes de l’écriture à la diffusion, Daniel Cooney, éditions Eyrolles
Merci beaucoup pour ce commentaire très encourageant !
Bonne continuation dans vos projets ! 🙂
Très heureuse d’apprendre la composition grâce à vos articles. Ils sont précieux.