Sur le Mangakoaching.com, vous pouvez trouver des conseils sur le dessin de personnages, l’anatomie, et même comment dessiner des chaussures… Mais il reste encore à voir comment dessiner des vêtements ! Je vous propose de plonger dans le vif du sujet avec des conseils pratiques et des exemples pour vous aider à habiller vos personnages.
Derrière le vêtement, il y a un corps !
Ça peut donner l’impression d’enfoncer une porte ouverte, mais c’est important de rappeler que le vêtement ne lévite pas dans le vide : si votre dessin pose problème, il est assez probable que ce soit une question d’anatomie. Dessiner le corps qui porte le vêtement vous permettra d’éviter quelques erreurs grossières, comme le tissu qui coupe l’espace dans lequel devrait être le corps.
Que ce soit pour la forme d’un vêtement bien ajusté, le poids d’une cape qui tombe lourdement des épaules du personnage ou au contraire, qui vole au vent, tout part d’un point d’ancrage… et ce point, c’est le corps !
Épouser la forme du corps
Un vêtement est composé d’un tissu en deux dimensions, comme notre feuille de papier ou notre écran, mais la souplesse du tissu et la magie de la coupe lui permettent de passer en 3 dimensions pour envelopper le corps !
Il y a plusieurs moyens d’envelopper le corps en 3D avec ce tissu plat :
- Faire des plis, des drapés ou des fronces pour suivre la forme du corps
- Jouer sur l’élasticité du vêtement (cela marche particulièrement bien avec les tricots et jerseys, très élastiques, ou le biais du tissu)
- Couper le tissu en plusieurs pièces (le patron) pour épouser le plus possible les formes du corps.
Si vous observez la photo ci-dessus, vous pouvez voir que le corset à droite, même s’il n’est pas porté, prend la forme du corps. Le tissu a été tellement retravaillé et renforcé qu’il ne peut plus être posé à plat sur une table, il a ses creux et ses bosses qui correspondent au corps pour lequel il a été cousu.
Ce n’est bien sûr pas le cas de la plupart des vêtements modernes : une chemise sur un cintre paraîtra tout de même plate. Ici, le but n’est pas de suivre exactement la forme du corps, mais d’avoir un vêtement simple à fabriquer, qui s’adaptera, avec des zones ajustées (le col, les poignets) et d’autres, plus amples (les manches, le tour de taille).
Que le vêtement soit taillé sur mesure ou non, c’est le corps tout en courbes qui va lui donner sa forme définitive. De manière logique, vous aurez peu d’occasions de faire des lignes droites en dessinant un vêtement. Au contraire, vous pouvez, à chaque trait, vous demander de quel côté cette ligne va se courber : est-ce qu’elle formera un C, un S ou une autre forme encore ? Une courbe, même à peine perceptible, peut suffire à faire la différence entre un rendu plat et une impression de volume.
Attention, ce n’est pas une règle absolue ! Dessiner les vêtements avec des lignes très nettes peut être un parti pris dans le style du dessin, ou un moyen de représenter un tissu particulièrement raide… mais ce sont des choses qu’il vaut mieux explorer une fois que l’on maitrise bien les bases !
Comment le vêtement se place-t-il sur le corps ?
S’il suffisait de faire des lignes courbes pour dessiner des vêtements de manière réaliste, ça serait trop simple ! D’autres paramètres entrent en ligne de compte, comme :
- La coupe (ajustée ou ample)
- La position du personnage
- L’épaisseur du tissu (voile, drap de laine et fourrure ne vont pas avoir le même aspect du tout)
- Sa rigidité : une nuisette et un corset ne seront pas du tout dessinés de la même manière
- Son poids et son mouvement (mouvement du personnage, intervention extérieure, vent…)
La coupe
Le vêtement est tiraillé entre deux tensions : d’un côté, celles du corps qui le porte, de l’autre, celle de la gravité, qui va l’attirer vers le sol. Plus un vêtement est ajusté, plus les lignes que l’on va dessiner seront celles du corps lui-même, auxquelles s’ajouteront les plis du tissu s’il est trop tendu dessus.
Au contraire, si un vêtement est ample, le tissu semblera « posé » sur certaines zones (les épaules, le dos, la poitrine…). Dès qu’il dépassera une des zones les plus larges du corps, il va s’en détacher et pendre vers le sol, dissimulant les lignes du corps en dessous.
L’épaisseur du tissu
Elle peut paraître négligeable, mais elle peut, en réalité, avoir un rôle plutôt important ! Plus le tissu est fin, plus il va être près du corps. Par contre, si vous superposez plusieurs couches, dessinez du velours, un tricot de laine, ou plus encore, de la fourrure, penser à cette épaisseur va permettre de donner de la variété et une meilleure impression de volume !
Cette épaisseur sera visible sur les zones où le tissu épouse la forme du corps, mais aussi au niveau des plis : plus un tissu est épais, plus ses plis le seront aussi !
Astuce : Vous pouvez jouer sur l’épaisseur du tissu, la fourrure ou même des pièces d’armure pour donner à votre personnage une silhouette bien reconnaissable et accentuer les caractéristiques du personnage.
Vêtement et mouvement
Qui n’a jamais rêvé de dessiner son héros scrutant le lointain, sa cape claquant héroïquement au vent ? Le mouvement du tissu est souvent ce qui fait la différence entre un dessin correct et un dessin « qui claque ». Alors voici quelques conseils pour donner vie à vos dessins en y ajoutant du mouvement, en faisant bien la différence entre différents types de mouvements du tissu, qui auront un impact bien différent.
Les tensions du corps sur le vêtement
Je vous parlais de plis et de vêtement plus ou moins ajusté sur le corps… mais je ne pense pas que vous ayez envie de dessiner un personnage immobile ! Ce corps-là va bouger, et le vêtement va bien devoir suivre le mouvement ! Cela peut être celui de marcher, s’assoir, se tendre pour attraper un objet… mille possibilités s’offrent à vous, et là, je sens que vous commencez à avoir peur. Comment s’y retrouver dans ce bazar ?
En réalité, notre corps bouge grâce à nos muscles, dont le mécanisme est très simple. ils peuvent soit :
- S’étirer (tendre les jambes, se mettre sur la pointe des pieds, etc..)
- Se contracter (gonfler le ventre, le biceps, s’accroupir)
Un mouvement qui s’étire va s’allonger et s’affiner, tandis qu’un mouvement qui se contracte va raccourcir et épaissir le muscle. Chaque position du corps peut être décomposée en une combinaison parfois complexe de contraction et d’étirements. Vous pouvez donc, en réfléchissant sous cet angle, deviner comment votre vêtement va être soumis aux mêmes forces.
Maîtriser l’anatomie est bien sûr un plus, mais vous n’avez pas besoin de rentrer dans le détail au point de connaître le moindre muscle du corps humain ! L’important est surtout de comprendre le mouvement du corps dans ses grandes lignes pour pouvoir dessiner le vêtement en conséquence. Le tissu va soit :
- Être libre et emporté par le mouvement (si on lève les bras, l’ourlet du bas de son t-shirt va remonter, et on va voir notre nombril.)
- Être en tension le long d’un mouvement d’étirement (si on lève de nouveau les bras, mais qu’on porte une salopette, elle peut tirer à l’entre-jambes, et des plis verticaux vont peut-être apparaître)
- Être en tension à cause d’un mouvement de contraction (si on fait gonfler son biceps, mais que nos gros bras « remplissent » la manche au point de tirer sur les coutures. Des plis de tension peuvent apparaître)
- Être plié par un mouvement de contraction (si on plie les genoux, notre jean fait plein de petits plis parfois désagréables. Si c’est une jupe, elle fera des plis plus libres, plus « amples »)
Tout comme chaque position du corps est une combinaison de contraction et d’étirements, celle du vêtement va être un mélange de zones où le tissu est en tension, et d’autres ou il est en excès.
Astuce : Un tissu avec peu de tension (par exemple une cape qui retombe librement sur les genoux du personnage) aura des plis plus ronds et plus gros qu’un tissu sur lequel s’exerce de la tension (par exemple, une chemise trop serrée). Les premiers seront amples et pourront prendre différentes directions, tandis que les seconds seront fins et formeront des lignes allant d’un point de tension à l’autre (du coude à l’épaule, par exemple).
Le mouvement du tissu autour du corps
Les conseils que vous venez de lire concernent surtout les vêtements ou zones de vêtements moulant le corps, alors que les effets de mouvements concernent surtout les tissus amples, peu ajustés. Ceux qui vont répondre à la loi de la gravité et tomber plus ou moins verticalement… ou voler gracieusement autour de votre personnage en train de danser !
La première question pour dessiner un tissu en mouvement est de se demander d’où vient le mouvement. Cela peut être :
- Un mouvement causé par un élément extérieur (du vent, une onde de choc, etc.)
- Un mouvement causé par le personnage (qui court, qui danse, etc.)
- Une combinaison des deux.
Dans le premier cas (coup de vent ou onde de choc), le personnage est le point d’accroche, tandis que le tissu va être repoussé dans la direction opposée à la source du vent. Tout comme les mèches de cheveux, le tissu sera soulevé plus ou moins haut (n’hésitez pas à ajouter des variations dans le mouvement pour plus de souplesse) et il pourra même remonter plus haut que son point d’ancrage en cas de fortes turbulences.
Plus la force qui repousse le tissu est forte, plus son mouvement devient imprévisible !
En cas de mouvement du personnage, c’est plus compliqué : cela dépendra du détail de celui-ci et de sa vitesse. Va-t-il en avant, en arrière ? Son bras est-il en train de se lever ou de se baisser ? Le corps reste le point d’ancrage, mais au lieu qu’il soit fixe et que le tissu bouge autour, cette fois, c’est le corps qui bouge d’abord, puis le vêtement suit avec un temps de retard. Chaque ligne du tissu libre sera en quelque sorte un « historique » de ce mouvement.
N’oublions pas non plus la force centrifuge. Plus on tourne rapidement, plus l’élan tente de nous « éjecter » vers l’extérieur. C’est cette force-là qui soulève les jupes quand une danseuse tourne sur elle-même, parfois jusqu’à la verticale !
Cette force centrifuge, tout comme celle du vent ou celle créée par le mouvement d’un personnage, aura sa limite : plus le tissu est grand et lourd, plus il faudra de force pour le faire bouger. Une très longue cape en velours sera difficilement emportée par le vent, tandis qu’un petit voilage s’envolera très vite !
Pour savoir comment va bouger le tissu en fonction du mouvement, il est utile d’avoir une idée de son poids, ainsi de comprendre à quel type de force ce mouvement correspond. Pour compliquer les choses, vous aurez souvent une combinaison de plusieurs mouvements, de plusieurs tissus… Il faut donc de l’entrainement pour trouver la ligne juste, mais bien maniée, cela peut donner un résultat très dynamique, justement parce qu’on peut littéralement voir le mouvement du personnage.
Astuce : Une fois plus à l’aise avec le mouvement du tissu, vous pouvez combiner le mouvement du tissu et les lignes de force de votre composition pour accentuer le dynamisme de votre image et créer un effet « wahou » !
Les limitations du vêtement
Le vêtement peut suivre la ligne d’un muscle ou voler au vent, mais parfois, il peut aussi limiter le mouvement du corps ! C’est notamment le cas des vêtements très ajustés, surtout s’ils ne sont pas élastiques.
Vous aurez parfois du mal à vous accroupir si vous enfilez votre jean slim après une raclette, et un corset peut gêner la respiration. Porter un kimono dans les règles de l’art empêche d’écarter les jambes, ce qui oblige à marcher à petits pas rapides… Bref, un vêtement peut aussi changer la manière qu’aura un personnage de se tenir et de bouger. Y penser donnera une touche de réalisme à vos dessins !
Quelques conseils en vrac
Bon, vous le sentez sans doute venir à force, mais… n’hésitez pas à dessiner d’après références ! que ce soit les gens dans la rue, la tenue de votre héros préféré ou des photos de costumes dans les musées. Cela vous aidera à mieux comprendre fonctionnent les vêtements, à faire des dessins plus réalistes (le petit détail des coutures de jeans, un classique), et enfin, à avoir une garde-robe mentale de plus en plus fournie !
Ajoutez une touche de perspective ! Une erreur assez classique est de dessiner un vêtement en suivant bien le volume du corps, puis, au moment de dessiner les lacets ou les boutons, de devenir tout à coup amnésique. Si vous dessinez une veste sur un personnage se tenant de côté, les boutons ne devraient pas paraître ronds, mais plutôt ovales. S’il y a des plis sur le vêtement, ils devraient logiquement se placer sur le même plan que le tissu où ils sont cousus, et donc suivre ces plis.
C’est la même chose pour les rayures et motifs de votre vêtement, ainsi que pour des laçages. Garder en tête le volume du corps et les plis du tissu au moment de rajouter des éléments supplémentaires vous permettra d’éviter d’avoir un résultat plat ou même faux.
(plaquer un motif « à plat » sur un vêtement peut tout à fait être un style… mais si vous lisez cet article, je pars du principe que vous cherchez à progresser et à vous rapprocher d’un rendu plus réaliste !)
Conclusion
Voilà, cet article touche à sa fin ! Le dessin de vêtements est un vaste sujet, entre l’art et la manière de dessiner des drapés, les textures et reflets, les coupes de vêtements récentes ou anciennes, etc., mais je pense qu’avec cet article-ci, vous avez de bonnes bases pour améliorer vos dessins dès maintenant.
Voici les points les plus importants à retenir pour dessiner des vêtements :
- Un vêtement va être en 3 dimensions et épouser (plus ou moins) la forme du corps.
- Le mouvement de ce corps va provoquer des tensions sur le tissu et créer des plis de différentes sortes.
- Le tissu, quand il est assez lâche pour ne pas subir la tension du corps, va répondre à la gravité et/ou suivre le mouvement du personnage.
- Ce mouvement peut être créé par une cause extérieure, ou par le personnage lui-même. Dans le deuxième cas, le mouvement du vêtement va suivre celui du geste qu’a eu le personnage.
N’hésitez pas à partager vos questions sur le sujet, cela pourrait être le sujet d’un prochain article… et d’ici là, dessinez bien !
Cool