Nous nous retrouvons aujourd’hui pour explorer un vaste sujet : les personnages dits anthropomorphes. Vaste de par leurs origines, de la préhistoire à notre culture actuelle, vaste de par la diversité de formes, d’aspects, et même de noms qu’ils peuvent prendre.
Je vous propose donc de nous pencher sur ces différents points, puis de vous donner quelques conseils pour les dessiner !
Que sont les anthropomorphes ?
Définition
L’anthropomorphisme est l’attribution de caractéristiques du comportement ou de la morphologie humaine à d’autres entités comme des dieux, des animaux, des objets, des phénomènes, des idées et voire à des êtres d’un autre monde le cas échéant.
L’anthropomorphisme à travers l’Histoire
C’est l’heure de la minute culture ! Saviez-vous que la notion d’anthropomorphisme existe depuis que l’Homme a commencé à laisser des traces de son passage sous forme d’art, dès la préhistoire ? Autant vous dire que dessiner et créer des personnages anthropomorphes ne date pas d’hier.
Regardez ces exemples :
Si l’on avance légèrement dans le temps et si vous suivez, une mythologie en particulier devrait vous venir instantanément à l’esprit… Vous l’avez ? Bingo, la mythologie égyptienne ! Dans cette dernière, c’est le festival des anthropomorphes, car une grande majorité du panthéon est composé de dieux à têtes animales. Ceci dit, on retrouve des figures mythologiques mi-humaines, mi-animales ou des personnifications dans toutes les cultures.
Différents « degrés » d’anthropomorphisme
Comme vous l’aurez déjà vu, ou le remarquerez rapidement, tous les anthropomorphes (parfois abrégé par anthros) ne se ressemblent pas, dans le sens où certains vont paraitre plus ou moins humains, plus ou moins animaux. Des animaux aux comportements et pensées typiquement humains, aux « hybrides » humanoïdes avec de multiples caractéristiques animales, il y a quand même une certaine marge. Idem pour les représentation humaines de concepts abstraits. Un exemple parlant ?
Et oui, les trois peuvent être considérés comme anthropomorphes.
Même si les animaux du Roi Lion ont une anatomie 100% animale, leur raisonnement et certaines actions restent humains. De la même façon, Jack Frost est 100% humain dans sa forme, mais reste une personnification humanoïde, une allégorie de l’hiver. Et pour les voitures de cars ? Rien d’animal, très peu d’éléments humains, et pourtant les voitures se comportent comme tels : elles tiennent des commerces, ont des émotions…
Plus animal qu’humain ? Ou plus humain qu’animal ?
Comme évoqué plus haut, il existe différents « degrés » d’anthropomorphisme en terme de pourcentage humain vs animal, en quelques sortes. Je vous propose une petite liste de termes que vous croiserez possiblement car très corrélés au concept anthropomorphe.
Le terme Kemonomimi désigne des personnages humains possédant des caractéristiques physiques animales (le plus souvent oreilles et queue), dans la pop culture japonaise. Ils ne sont souvent pas considérés à proprement parler comme des anthropomorphes, mais le terme reste tout de même très courant, il est donc pertinent de le mentionner.
Les Gijinka sont des personnifications le plus souvent d’objets, de concepts, mais globalement cela revient à humaniser quelque chose qui ne l’est pas de base.
Les plus connus actuellement sont sûrement les gijinka de Pokemon (dont je suis personnellement particulièrement friande), mais il est très courant de voir des personnifications de desserts, de boissons, de logiciels, d’appareils high-tech, ou de concepts plus abstraits.
Et le furry dans tout ça ?
Et oui, nous ne nous sommes pas encore réellement attaqués au cœur du sujet, à la représentation qui vient tout de suite en tête lorsque l’on parle d’anthropomorphes : ces animaux, réels ou fantastiques, qui se comportent, s’habillent et vivent selon le mode de vie des humains.
Pour commencer, un peu de vocabulaire
Vous avez probablement déjà croisé des termes tels que furry, fursuit ou encore fursona, au détour d’un onglet internet. Mais savez-vous réellement ce que ces mots désignent ? Il faut déjà prendre en compte que le mot furry lui-même est polysémique, c’est-à-dire qu’il va désigner différentes choses selon le contexte dans lequel il est employé.
Évidemment, il se rapporte toujours à l’anthropomorphisme, mais il peut tout aussi bien désigner un personnage, que l’ensemble des fans du concept, et l’on va alors parler de furry en tant que fandom, par exemple.
Et pour ne pas se perdre complètement, le dit fandom a diversifié son vocabulaire sur une base commune. Un furry/fur va généralement désigner une personne qui se reconnaît comme faisant partie du fandom et peut ainsi incarner un personnage, un fursona (contraction de furry et persona), souvent au moyen d’un fursuit (contraction de furry et de suit), ou d’un avatar dessiné !
Note importante : le fandom furry est très présent sur le net, et, de ma propre expérience, très accueillant, diversifié et ouvert d’esprit. Cependant, il est très facile de trouver du contenu parfois très suggestif (+18 ou NSFW). Soyez sûrs, lorsque vous naviguez sur des sites comme Deviantart, Fur Affinity ou Weasyl par exemple, de masquer ce type de contenu si vous ne souhaitez pas en voir.
Les caractéristiques des furries
Nous allons resserrer un peu le terme aux furries dessinés, et tenter de dresser une liste des caractéristiques principales les plus communes. Pour cela, j’ai trouvé sans trop de difficulté deux fiches de référence du fursona de ChipFox en photo ci-dessus, et je vous propose également un dessin effectué par mes soins de Fenix, la mascotte de la marque XP-Pen, qui répond lui aussi aux caractéristiques physique des furries.
Voici une petite liste non exhaustive des éléments que vous pouvez généralement retrouver en commun chez beaucoup de furries :
- Ils peuvent représenter des animaux existants ou de fiction, voire en mélanger plusieurs
- Une tête animale, la plupart du temps stylisée pour permettre une meilleure expressivité
- La présence ou non de cheveux, parfois de la fourrure suggérant épis ou mèches
- Un corps entièrement recouvert de fourrure colorée (réaliste ou non)
- Un tronc, des bras, des cuisses humains
- Des mains le plus souvent dotées de griffes à la place des ongles, et parfois de coussinets
- Des mollets un peu courts comparé au standard anatomique humain lorsque les pieds sont animaux (ou plus rarement, des jambes anatomiquement humaines)
- Une queue
- Tout autre type d’attribut animal : écailles, cornes, ailes, aileron dorsal, plumes ou autres, dépendant de l’animal choisi
Dessiner les anthropomorphes : quelques bases théoriques
Pourquoi choisir l’anthropomorphisme ?
Que ce soit en littérature avec le lapin blanc d’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, la Ferme des Animaux de Georges Orwell ou encore dans les Fables de Jean de la Fontaine, dans beaucoup de dessins animés tels que les films Disney, ou dans bon nombre de BDs… Les personnages anthropomorphes sont légion. Mais pourquoi ? Pourquoi choisir des animaux aux réactions humaines, et pas simplement des humains ?
L’anthropomorphisme est parfois utilisé pour parler des humains, sans les désigner directement. Les espèces animales choisies permettent dans un premier temps une différenciation visuelle efficace, et sont rarement dues au hasard. Elles suffisent généralement à résumer facilement la psychologie du personnage par des traits de caractère et des comportements associés au comportement de l’animal en question : le renard est fourbe et malicieux, le lion est majestueux et charismatique, le chien est fidèle et brave…
Anatomie humaine, anatomie animale
Les anthros, et tout particulièrement les furries sont des hybrides qui mélangent physiquement anatomie humaine et anatomie animale, ne serait-ce que par la bipédie. Le challenge est donc doublé !
Mais quelle chance ! Si vous remontez un peu dans le fil de nos articles, vous pourrez voir que je viens de terminer deux dossiers d’astuces. L’un à propos de l’anatomie humaine, et l’autre à propos de l’anatomie animale… Coïncidence ? Et bien non, tout était calculé ! Je vous invite donc à aller y piocher les astuces dont vous pourrez avoir besoin !
L’importance de l’observation et des références
Tout bon artiste ou professeur vous le dira, et vous le répètera jusqu’à ce que cela devienne un réflexe naturel : utilisez des références dès que vous en avez l’occasion et/ou le besoin. Au moindre doute, à la moindre hésitation, sortez vos meilleurs modèles. Photographies, dessins de vos artistes favoris, modèles en chair et en os… En double, humains et animaux !
En plus de vous aider dans votre dessin sur l’instant T, utiliser des références vous permettra sur le long terme de faire travailler et d’affiner toujours plus votre sens de l’observation, de gagner du temps, de comprendre les formes, les volumes et les lumières dessus… C’est 100% gagnant, alors qu’attendez-vous ? 😉
Les anthropomorphes dessinés par d’autres
Il est toujours intéressant de voir comment les artistes qui vous inspirent représentent les anthropomorphes. Cela fait partie du travail de collecte de référence, même s’il ne s’agit pas de « vraies » références photos, mais de personnages déjà stylisés.
Cela vous permet de voir comment sont traités les volumes, les petites touches personnelles pour s’approprier les formes réalistes, en quoi les dessins diffèrent des modèles vivants… De plus vous pouvez vous en inspirer à votre tour pour les adapter à votre propre style de dessin.
Je vous propose ci-dessous un panel d’artistes qui ont pu m’inspirer et/ou m’inspirent encore, pour vous montrer à quel point les anthros peuvent être dessinés de façons variées.
Ci-dessus, pour rester dans le style manga et anime, notez les différences de proportions, les volumes plus ou moins déformés pour répondre à des choix esthétiques précis.
Ci-dessous, vous pouvez noter les mêmes points, dans un style plus occidental cette fois.
Les écueils à éviter
Ils restent les mêmes que pour l’anatomie humaine et animale, à savoir les raccourcis faciles, les limites des outils tels que les mannequins, et l’excuse du « C’est mon style ». Ces difficultés ont déjà été traitées en détail précédemment, aussi je vous invite à reprendre les précédents articles du Dossier Anatomie, afin d’avoir plus de précisions et d’éviter de vous casser les dents sur ces trois grands écueils.
C’est aussi pour cette raison qu’il est primordial de garder en tête le cycle de notre apprentissage : observation, imitation qui permet la compréhension, menant à la maîtrise et enfin, à l’appropriation. Même si les premières étapes ne sont pas les plus amusantes.
Mes astuces pour dessiner les anthropomorphes
La pratique régulière
Comme toujours, il n’existe pas de recette miracle : le travail est la clé de la réussite et du progrès. Tracez, reproduisez (pour vous entraîner uniquement, et en toute transparence), utilisez des références, puis dessinez par vous-mêmes peu à peu. Le résultat sera plus ou moins satisfaisant au départ, mais ne vous découragez pas. Nous avons tous commencé par les mêmes gribouillages, il ne tient qu’à vous de les développer par l’expérience.
De la variété, mais avec un minimum de logique
Pour dessiner des anthros, c’est un peu le même exercice que pour tout autre être vivant. Il existe différentes morphologies et caractéristiques, aussi bien chez les hommes que chez les animaux.
Si votre furry est issu d’un animal existant, pensez à bien vous renseigner sur les particularités physiques de l’espèce. Vous n’êtes bien sûr pas obligés de les respecter au millimètre près notamment en terme de couleurs, mais quelques détails comme la longueur de la fourrure, la forme des oreilles ou le motif du poil permettront de la reconnaitre au premier coup d’œil.
Gardez surtout en tête que vos anthropomorphes, indépendamment de leur apparence physique, doivent être cohérents sur deux points principaux :
- Leur comportement en fonction de la situation dans laquelle vous les dessinez
- L’univers duquel ils sont issus, et leur mode de vie dans ce dernier
Ceci dit, ce n’est pas une obligation fondamentale, et vous pouvez jouer de ces différences dans vos histoires pour enrichir votre scénario ou faire passer un message. On pourrait citer en exemple le récent film d’animation Alerte Rouge.
Petites astuces générales et exemples
Je vous propose de dessiner ensemble un personnage anthropomorphe. Grâce à lui, je vous donnerai quelques petits astuces, mais je vous invite vivement, une fois de plus, à revenir sur les dossiers d’astuces à propos de l’anatomie humaine et animale, car beaucoup y figurent déjà. À vous de les sélectionner et de les compiler selon vos besoins ! 😉
Commencez par choisir une espèce existante qui vous plaît, et une pose simple, ce sera plus facile en terme de recherche de références. Vous pourrez laisser libre cours à votre imagination plus tard et augmenter la difficulté.
- Simplifiez les formes et pensez directement en volumes
- Partez d’une base sphérique pour la tête, auquel vous ajoutez un bloc adapté à la forme du museau
- Le haut du corps est majoritairement semblable à un corps humain
- Figurez la fourrure sur des zones stratégiques : tête, épaules, poitrail, coudes, cuisses, pattes… (en bleu)
- Les oreilles suivent la courbe du crâne, et ne sont pas plates : dessinez leur base pour bien les placer et représenter leur volume
- Arrondissez les doigts pour renforcer leur aspect animal, les griffes et coussinets sont un plus
- La queue prend naissance au niveau du sacrum humain, et remplace le coccyx car ce dernier est un vestige de queue !
- Elle doit être flexible dans la mesure du raisonnable, car elle contient des os en particulier à sa base! Préférez des courbes fluides, plus naturelles.
- Les pattes animales, souvent digitigrades, ne sont pas « verticales » comme les jambes humaines, où le poids « tombe » pour être réparti sur l’ensemble du pied
- Le poids repose sur les orteils : la cuisse doit être légèrement fléchie, le mollet légèrement en arrière, pour que l’équilibre soit gardé et que le poids tombe sur la pointe de la patte
Conclusion
Nous voici à la fin de cet article tutoriel pour apprendre à dessiner les personnages anthropomorphes. Que votre personnage soit humain ou hybride, le processus de création sera le même : observer, imiter, s’approprier et styliser ! N’hésitez pas à compiler énormément de références, et même si les furries et autres anthros ne sont pas votre tasse de thé, essayez tout de même au moins une fois, vous pourriez être surpris, comme ça a été mon cas !
En attendant de prochains articles, je vous invite à aller faire un tour sur nos différents dossiers, conseils et autres tutoriels.
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