image principale method flocon et BD

Aujourd’hui, je viens vous parler de la méthode flocon. C’est une méthode d’écriture que j’aime beaucoup et j’aimerais vous montrer comment vous pouvez l’utiliser pour structurer votre histoire.

À l’origine, elle est plutôt destinée aux écrivains de roman, mais puisque Mangakoaching est axé sur le Manga et la BD, je vais aborder la méthode flocon sous cet angle en vous montrant comment l’adapter à ce genre de projets. C’est parti pour découvrir cette technique d’écriture et voir comment je la mets en pratique à travers un exemple concret.

La méthode flocon, qu’est-ce que c’est ?

Présentation

La méthode flocon est une méthode d’écriture inventée par Randall Ingermanson, un écrivain doctorant en physique. Son but était de trouver un outil pour aider les jeunes écrivains.

Comme écrire prend du temps et que l’on a vite fait de se décourager face à la quantité de choses à faire et à penser, il a eu l’idée de structurer le travail préparatoire en 9 étapes pour baliser le chemin et organiser son histoire.

S’il a donné à sa méthode d’écriture le doux nom de flocon, c’est moins par poésie que par esprit scientifique : Randall Ingermanson a en effet pensé à un flocon de neige, qui a une structure fractale. On commence par une structure très simple (par exemple, un flocon à six branches) puis on y rajoute des branches de plus en plus petites, jusqu’à obtenir une véritable dentelle de glace !

La méthode flocon : un outil d'écriture étape par étape

Je trouve la métaphore bien trouvée : même en employant le même principe de base pour organiser son histoire, comme les flocons de neige, chaque histoire sera différente !

L’idée est vraiment d’avoir un outil d’écriture pour organiser son histoire avec une approche un peu scientifique. En structurant son projet dès le début, cela permet de gagner du temps ensuite en ayant moins de blocages ou d’incohérences. En recoupant un gros projet en tâches plus petites, cela rend aussi le travail moins décourageant.

Les étapes de la méthode flocon

La méthode flocon s’inspire des images fractales, où on retrouve la même structure à des échelles de plus en plus petites. L’idée est de partir de la « structure globale » (l’histoire dans son ensemble) puis de la découper en structures plus petites, pour ensuite organiser chaque élément en unités plus petites, jusqu’à avoir exploré le moindre détail à la loupe.

Le chou romanesco est un exemple naturel d’objet fractal : chaque « bosse » est recouverte de bosses plus petites, elle-même composée de plusieurs bosses encore plus petites, le tout formant un ensemble structuré. (Image par Marc Pascual de Pixabay)
Le chou romanesco est un exemple naturel d’objet fractal : chaque « bosse » est recouverte de bosses plus petites, elle-même composée de plusieurs bosses encore plus petites, le tout formant un ensemble structuré. (Image par Marc Pascual de Pixabay)
  1. Le pitch. Résumez votre histoire en 1 phrase de manière synthétique. Vous pouvez spoiler, c’est un outil de travail et pas de promotion… malgré tout, cet exercice vous aidera à en parler aux autres quand ils vous demanderont ce que vous écrivez.
  2. Résumez l’histoire en 5 phrases maximum (ça vous oblige à déterminer les événements les plus importants de l’histoire sans trop rentrer dans le détail)
  3. Listez les personnages et lieux. C’est le moment de commencer à trouver un nom et surtout une motivation pour chaque personnage et à réfléchir aux éléments que vous aurez besoin de développer dans votre univers… mais ne rentrez pas trop dans le détail !
  4. Le synopsis de travail. On commence à approfondir le scénario : reprenez les 5 phrases et développez l’intrigue en un paragraphe par phrase.
  5. L’histoire des personnages. Maintenant que vous avez un plan global, demandez-vous comment chaque personnage va s’intégrer dans l’histoire, agir, et changer ? Vous verrez peut-être que leurs motivations sont floues ou que certains sont sous-exploités.
  6. Le synopsis détaillé. Vous avez repensé à vos personnages, peut-être eu de nouvelles idées… Vous pouvez écrire un résumé plus détaillé des événements.
  7. Les fiches personnages. Là où, pour travailler le scénario, il fallait surtout se fixer sur leurs motivations et leur histoire, cette étape vous permet de fixer des informations qui vous serviront au moment de l’écriture. La couleur de leurs yeux, le nom de l’école où ils ont étudié, etc. Normalement, avec les étapes précédentes, vous avez déjà pas mal d’informations sur eux.
  8. Le plan. Vous avez votre résumé détaillé, vous savez exactement ou vous allez… maintenant, vous pouvez structurer vos chapitres, peut-être organiser vos flash-backs, etc.
  9. L’écriture. Ça y est, c’est l’autoroute ! Vous pouvez commencer à écrire, sans avoir peur de vous retrouver bloqué parce que vous ne savez plus quoi raconter, ou que vous avez réalisé qu’un élément était incohérent…
Les étapes de la méthode flocon pour organiser son scénario

Attention, ce n’est pas parce que vous passez à une nouvelle étape que les précédentes sont gravées dans le marbre et que vous n’y retoucherez jamais !

Si vous voyez que vous vous étiez trompé sur l’enjeu de votre scénario, les motivations de votre héros, que vous préférez axer l’histoire sur un autre personnage, n’hésitez pas à reprendre ce que vous avez préparé pour le mettre à jour. Votre histoire est vivante, elle évoluera au fur et à mesure.

Si vous voulez en savoir plus sur ces étapes, je vous invite à aller sur le site « Espaces comprises », qui détaille le processus de la méthode flocon en une dizaine d’articles.

Les points forts et points faibles de la méthode flocon

Avantages

Les points forts de la méthode flocon, c’est son côté structuré, rassurant, plutôt simple et flexible.

Structuré, parce qu’il y a une méthode d’écriture claire. On avance étape par étape, en suivant une logique dans sa manière d’organiser son histoire. Le fait de repasser plusieurs fois sur son scénario et ses personnages permet de développer petit à petit et surtout de revenir dessus avec un regard neuf qui permet de voir plus facilement les erreurs et améliorations à apporter.

Avoir une vue d'ensemble sur son projet en avançant avec la méthode flocon

Rassurant, puisqu’on est guidés et que la difficulté vient progressivement. Comme on a déjà structuré son scénario, on peut s’appuyer sur l’étape en cours et ce qui existe déjà pour développer son projet. On ne se retrouve pas en panne sèche au milieu d’un chapitre sans savoir ce qu’on va raconter après. Au contraire, on connait déjà la fin de l’histoire, ce qui donne une direction à suivre. Cela aide beaucoup à éviter de paniquer ou se décourage devant l’ampleur de son projet.

Simple et flexible, parce que l’idée générale repose sur un principe très basique : découper un gros projet en tâches de plus en plus petites, tout en gardant en tête l’objectif global de l’histoire. C’est une méthode que l’on peut utiliser pour ses scénarios, mais qui peut aussi être adaptée pour d’autres projets.

Inconvénients

S’il faut être honnête, la méthode flocon a aussi quelques défauts :

  1. Si elle est suivie à la lettre, la méthode peut paraître assez rigide et décourager les plus fantasques.
  2. En étant trop « scolaire », on court le risque d’avoir un scénario bien construit, mais un peu banal.
  3. Il est possible que le découpage en parties/sous parties/chapitres puissent rendre le récit un peu haché et que le lecteur ait plus l’impression de lire une successions de tableau qu’une histoire continue.
  4. La mettre en place demande parfois beaucoup de temps, pendant lequel on n’écrit pas : cela peut être frustrant !
  5. Utiliser la méthode flocon n’est pas utile pour les projets très courts (nouvelles, one-shot) parce que le travail demandé est trop important par rapport au format final.
Les défauts de la méthode flocon : beaucoup de travail préparatoire !
Si vous commencez à vous sentir dépassés par les événements, c’est le moment de prendre une pause et souffler un grand coup !

Ces « dangers » de la méthode flocon dépend principalement de deux aspects :

Le plus évident, c’est que la méthode flocon est un outil d’écriture pour organiser le scénario de son histoire, mais elle ne vous donnera pas de piste pour son contenu : pour pouvoir l’appliquer, il faut déjà avoir quelque chose à raconter.

La qualité et l’originalité de votre projet dépendra avant tout de vous. Sachant cela, faites attention aux points 2 & 3

L’autre inconvénient souvent cité, la rigidité de la méthode, mais a, à mon avis, peu de sens : la plupart des écrivains qui disent employer la méthode flocon l’ont adapté à leur manière d’être et à leur projet. Là où je conseillerai quand même à un auteur débutant de suivre cette méthode d’écriture de bout en bout, au moins la première fois, une personne plus expérimentée peut adapter la structure pour organiser son histoire, et court-circuiter certaines étapes selon ses besoin.

À mon avis, le plus gros défaut reste le point 4 : quand on est impatient de réaliser son projet, passer autant de temps à organiser son histoire peut devenir très frustrant. Malgré tout, on peut s’autoriser des à-cotés : faire des dessins ou scènes bonus selon son inspiration, qui ne seront pas forcément incluses dans l’histoire mais aident à développer l’univers et « prendre en main » ses personnages.

Comment utiliser la méthode flocon peut aider à organiser un projet BD ?

À ce stade, je pense que vous avez compris l’intérêt de cette méthode d’écriture pour structurer le scénario, s’organiser dans son travail et surtout éviter de bloquer et de devoir recommencer plusieurs fois. C’est déjà pénible de réécrire un texte, mais devoir redessiner une BD quand la moindre page prend des heures à faire… il vaut mieux éviter !

Mais cela ne s’arrête pas là ! Là où, pour l’écriture du roman, la structure de la méthode flocon va finir par s’effacer derrière un texte continu, pour faire une BD ou un manga, on retrouve jusqu’à la fin cette organisation fractale : un livre va être composé de chapitres, eux-mêmes découpés en pages, qui seront composés de cases… La méthode flocon peut donc être utilisé jusqu’au bout pour structurer le découpage de ses planches.

Utiliser les principes de la méthode flocon pour faire une BD

Enfin, faire une BD est compliqué, très compliqué ! Entre l’intrigue, les dialogues, le design des personnages et des décors, le découpage de la page, la composition de chaque image, la gestion des lumières, et des valeurs, le travail des décors… On a vite fait de se sentir noyés par tout ce qu’il y a à faire.

La méthode flocon, dans son organisation, permet de décomposer les tâches en se concentrant sur un aspect à la fois, en commençant par organiser son histoire et construire ses personnages, puis en détaillant le déroulement et les dialogues, avant d’attaquer la mise en scène proprement dite. Cela n’empêche pas de modifier et d’affiner ensuite (c’est même conseillé), mais en procédant par étapes bien séparées, on évite de se retrouver directement catapulté devant une page blanche censée devenir son storyboard.

La méthode flocon : un exemple d’adaptation pour la BD

Maintenant que je vous ai parlé de la théorie, voyons comment j’ai utilisé la méthode flocon pour faire une BD, avec l’exemple concret de « Valse à trois ». Comme le projet est encore en cours et que je préfère éviter de spoiler, je ne vous montrerai pas tout, mais ça donnera un aperçu de la méthode utilisée !

Le pitch

« Dans la noblesse d’un monde imaginaire, un jeune aristocrate tombe sous le charme de celui qui est destiné à épouser sa cousine. »

C’est court, pas forcément sexy, et il n’y a pas de noms (vous n’en avez même pas besoin pour travailler à ce stade). Ce pitch étant pour vous, vous pouvez spoiler la fin (surtout si elle a un rôle important)

Normalement, en parallèle de votre pitch, vous avez déjà une intention, des thèmes que vous voulez aborder… vous pouvez le noter aussi. Sur ce projet, c’est de raconter l’origine d’un de mes personnages dans l’atmosphère de l’aristocratie d’un autre siècle, entre conventions étouffantes et érotisme. (Mais si je devais être honnête, dans mon premier document de travail, j’ai plutôt écrit que je voulais « faire un OS en noir et blanc avec PLEIN DE **BIP** dedans » !)

Le résumé en 5 phrases

La méthode flocon : exemple de résumé en 5 phrases
Aha, vous ne saurez pas !

Ça peut être frustrant, mais respectez le principe de 5 phrases maximum. Ça vous force à savoir quels sont les événements qui font tout basculer. Pour organiser son histoire, on peut utiliser plusieurs structures toutes faites, comme le classique « situation initiale / événements perturbateurs / péripéties / résolution / situation finale », ou la structure en trois actes, ou d’autres encore.

Recherches graphiques

C’est quelque chose que vous aurez intérêt à continuer tout au long du processus, c’est le bon moment pour commencer à réfléchir à l’apparence que vous voudriez avoir pour votre BD : premières esquisses des personnages, tests techniques, moodboards, mais aussi lister les œuvres qui peuvent vous inspirer… Par exemple, c’est à ce moment-là que j’ai relu Emma de Kaoru Mori (pour l’ambiance historique) et L’Atelier des sorciers (pour le découpage)

Recherches graphiques pour faire une BD : un exemple de moodboard
Un exemple de moodboard rassemblant une partie de mes inspirations pour Valse à trois

Le style d’une BD se définit par plusieurs aspects, comme :

  • Noir et blanc ou couleur ? (ou bichromie, trichromie, etc…)
  • Format
  • Sens de lecture
  • Type de découpage
  • Style graphique
  • Outils et supports utilisés…

Pour ça, pas de secret, il faudra faire des recherches… et des tests !

Le découpage en chapitres

Faire une BD avec la méthode flocon : structurer en chapitres

Cette étape demande pas mal de réflexion, parce que c’est le moment d’organiser son scénario de manière plus détaillée et de « boucher les trous » entre les événements clés pour bien les amener. Si vous avez des difficultés sur votre histoire, ça peut être le bon moment pour lire mes 12 techniques pour débloquer son scénario. L’histoire sort de la structure pour prendre une forme plus continue, ou les événements se succèdent de manière progressive (mais les éléments clés sont toujours présents, bien sûr).

Les enjeux des personnages

J’ai mis cette étape ici, mais en vérité, je n’ai pas arrêté de penser aux personnages tout au long de l’élaboration du scénario (pour moi, les deux sont intimement liés). Par contre, c’est à ce moment-là que j’ai sombré dans le site des MBTI pour déterminer leur profil.

Portrait de Katelyn Holmson, un personnage de Valse à trois
Quand on fait une BD, on va souvent faire avancer les recherches de dessin en parallèle du scénario…

J’en profite pour rappeler ici que les personnages sont les ambassadeurs de votre histoire. Votre scénario peut être bien ficelé, si vous personnages sont fades ou agaçants, le lecteur risque de décrocher, alors soignez-les. À ce stade de l’histoire, on s’en fout de la taille et de la couleur des cheveux ! Il faudra plutôt se demander :

  • Quelle est leur place dans l’histoire ?
  • Quelle sont leurs relations les uns avec les autres ?
  • Quelle est leur manière de fonctionner/penser ?
  • Quelle est leur plus grande peur ?
  • Quelle est leur principale motivation ?
  • Qu’est-ce qu’ils sont prêts à faire pour cela ?
  • Quelles erreurs ils peuvent commettre en cherchant à atteindre leurs objectifs ?

Savoir répondre à ces questions vous aidera à avoir des personnages cohérents et à éviter l’effet « marionnette » provoqué par des personnages qui n’existent que pour obéir au scénario. N’hésitez pas à prendre le temps de réfléchir à ses questions pour les personnages secondaires aussi, ce sera beaucoup plus facile de les écrire si vous savez ce qui les anime !

Les intentions de chapitres

Maintenant que j’ai révisé mes personnages, je peux reprendre le résumé de mes chapitres, un par un, pour détailler le contenu. Pour chacun d’entre eux, j’ai noté différents éléments.

  • Titre : La rencontre
  • Le nombre de pages estimé : 20 pages
  • La date : juillet 1908, peu après les 18 ans de Katelyn
  • Le(s) décor(s) : Salle de bal des Holmson (luxueux, lumineux, ouvert)
  • Les personnages présents : Edna et Christoble, Anders, Katelyn, Oliver, Earnest et Daphne, figurants.
  • Les événements principaux : Lors d’une soirée de bal, l’attention de Katelyn est attirée par Oliver. Anders décide d’aller à la rencontre de celui-ci pour leur permettre de faire connaissance. (J’ai davantage détaillé dans mon document personnel, mais je ne veux pas trop en dire ici !)
  • Les enjeux de la scène : Exposition du contexte (date, milieu aristocratique et importance des convenances) Présentation d’Andy, Katelyn et Oliver. Leurs caractères respectifs doivent être clairs et les autres personnages présentés doivent rester en retrait ou donner des indications sur les protagonistes.

C’est une variante du « qui/quoi/où/quand/comment » qui aide à donner les infos importantes de manière efficace. Cette étape est une tambouille très personnelle de la méthode flocon, mais elle m’a beaucoup aidée à clarifier les idées, en réfléchissant à chaque fois aux objectifs de la scène et aux éléments dont j’avais besoin (personnages présents, mais aussi figurants, décors à prévoir…)

Après avoir développé les personnages et en rentrant plus dans le détail, on peut se rendre compte qu’il y a des incohérences, qu’il faut organiser son histoire un peu différemment pour ne pas rentrer en contradiction avec son personnage, qu’une scène aurait davantage sa place à un autre moment, etc.

Les fiches de personnages & autres informations

On approche de l’écriture à proprement parler, c’est le moment de commencer à fixer les informations ! Pour valse à 3, j’ai créé une série de fiches personnage ou je note des informations (date de naissance, taille, caractéristiques physiques, mais aussi leur histoire, caractères, peurs et aspirations, centres d’intérêts, tics & manies, goûts, etc…). Pour la BD, ça sera le moment de faire des fiches graphiques pour les personnages, en sachant que ça peut prendre du temps…

Faire une BD avec la méthode flocon : Recherches graphique pour le personnage de Katelyn.
Une de mes premières recherches « sérieuses » pour le personnage de Katelyn. On voit que les traits du visage ne sont pas encore bien définis…

J’ai aussi fait une frise chronologique pour caler les événements dans la durée et les englober dans le projet du Cabaret dans son ensemble (une histoire qui se passera ensuite). Selon vos besoins, vous pouvez faire des plans, des arbres généalogiques, etc. Je ne vais pas trop rentrer dans le détail sur la manière d’organiser tout ça, parce que je vous prépare un article sur le sujet.

Scripter les chapitres

À cette étape, je reprends le résumé et les notes autour de mon chapitre pour commencer le découpage page par page.

C’est le moment de préciser les actions et les dialogues. Je réfléchis plus en détail au déroulé des événements pour pouvoir le découper en pages et en cases. C’est une étape où je tâtonne et réécris beaucoup, notamment pour les dialogues, où je teste plusieurs « angles d’attaque » pour une scène jusqu’à ce que je trouve quelque chose qui me plaît.

Faire sa BD avec la méthode flocon : rédiger le script (exemple utilisant Scrivener)
Comme valse à trois est un gros projet avec tout un univers à construire et d’autres histoires à venir, je travaille avec Scrivener, un logiciel d’écriture qui me permet de condenser un maximum d’informations au même endroit.

Pour structurer le découpage de sa BD on peut s’aider de ces deux principes :

  • 1 page = 1 action/1 enjeu
  • 1 case = 1 information clé

Ces deux règles très simples rejoignent bien le principe de la méthode flocon. Cela n’empêche pas de caler des éléments secondaires ou des gags d’arrière-plan (à faire avec précaution), mais d’expérience, ça aide à ne pas « bourrer » ses pages de BD et garder une lecture fluide.

Connaître le format final aide aussi beaucoup à estimer si le découpage est bien équilibré : là où 7 cases sont déjà beaucoup au format manga, cela peut être une moyenne normale pour une page de BD franco-belge. Pour estimer si une page est trop chargée ou non, il faut aussi penser à la taille des cases et leur contenu : si vous voulez montrer un décor sur une demi-page, ou si vous avez beaucoup de dialogues, ça laissera moins de place pour les autres cases qui devront être plus simples.

Le Storyboard

Une fois le script complété, c’est le moment de changer de support et de passer au dessin avec le storyboard à proprement parler. En se basant sur le script, on a déjà une idée assez claire de ce qu’on doit dessiner et on peut se concentrer sur l’agencement des cases, leur taille, la composition de chaque case et le placement des bulles, sans se demander quoi montrer ou quel dialogue écrire.

Faire une BD avec la méthode flocon : Exemple de storyboard extrait de Valse à trois
Mes storyboards sont en général assez crasseux et illisibles… mais tant que je travaille seule, ce n’est pas un soucis… le principal, c’est de s’y retrouver !

Du texte à l’image, il y a un monde : en passant au storyboard, certaines cases ne fonctionnent pas comme prévu, peuvent être scindées en deux, supprimées, ou devenir plus grandes. Si une page est trop chargée ou si on se rend compte qu’un élément ne fonctionne pas, c’est le moment de réorganiser le contenu pour l’adapter au passage du texte à la BD.

Recherches graphiques complémentaires

Vous n’allez bientôt plus avoir le choix : il va falloir travailler le design de touuuut ce que vous avez mis sous le tapis en espérant que ça disparaisse comme par magie.

La chambre à coucher que vous aviez la flemme de dessiner ? La tête de l’amie de la sœur qui apparaît une fois ? L’uniforme de travail de bidule ? Le dessin des planches finales approche, et après avoir fait le storyboard, vous pouvez savoir exactement de quoi vous aurez besoin. Relisez le storyboard, listez tous les éléments visuels et… mettez-vous au boulot !

C’est aussi le bon moment pour refaire des tests : choisissez quelques pages de votre future BD et testez de la mettre au propre et de l’imprimer au format prévu. Cela sera peut-être l’occasion de voir que les pages sont trop chargées, trop vides ou manquent de lisibilité, que les outils que vous pensiez utiliser ne conviennent pas si bien que ça… ce n’est pas grave ! Rien n’est gravé dans le marbre, continuez à tester jusqu’à ce que ça vous plaise.

Recherches graphiques : exemple de test d'impression à l'échelle
Pour Valse à trois, j’ai fait de nombreux tests pour les outils d’encrage et de niveaux de gris En voici un exemple imprimé pour un format 16 x 24 cm

Révision du storyboard

Avoir complété vos recherches et testé de finaliser quelque pages vous aura sûrement appris des choses… Revoir son storyboard après une pause permet d’avoir un regard neuf et d’améliorer encore son histoire. À ce moment-là, vous pouvez décider de:

  • reprendre tout le découpage pour répartir les cases sur plus de pages et alléger la composition
  • modifier l’équilibre des cases
  • corriger des faux raccords et incohérences
  • améliorer leur composition pour rendre la lecture plus fluide
  • remanier des dialogues (emplacement et contenu)
  • glisser des éléments supplémentaires pour préparer la suite
  • réfléchir aux contrastes et valeurs de vos pages pour qu’elles soient plus lisibles
  • fixer les ambiances colorées si vous voulez faire une BD en couleurs
Recherches graphiques : avant de faire une BD en couleurs, il vaut mieux faire des tests préparatoires
Tests de couleurs pour ma BD « À l’ombre des réverbères », avec les numéros de référence de mes crayons aquarellables

Selon votre manière de travailler, vous pourrez vous contenter d’annoter vos storyboards, ou, si vous avez beaucoup de modifications ou d’ajouts, de les redessiner dans une version plus aboutie (plus grande et détaillée, avec des valeurs, des couleurs, etc.). Vous pouvez aussi faire des tests de couleur pour vos futures pages, surtout si vous travaillez au tradi, vous n’aurez pas droit à l’erreur !

Cette version pourra vous servir à présenter vos projets à d’autres, si vous voulez une beta-lecture par exemple, et si vous dessinez sur ordinateur, vous pourrez l’utiliser directement comme base pour vos crayonnés.

La réalisation des planches

Maintenant, vous avez votre storyboard corrigé, vous avez une idée précise du style graphique que vous voulez avoir… il n’y a plus qu’à s’y mettre ! Chacun a sa manière de s’organiser, personnellement je suis du genre à travailler en série (dessiner tout le crayonné d’un chapitre, puis faire tout l’encrage, toute la mise en couleurs, toutes les retouches, etc.) Bien sûr, rien ne vous empêche de faire les planches une par une, mais d’expérience, ça a tendance à faire perdre du temps.

Si ne voulez pas travailler sur un chapitre complet un bon compromis est de faire des lots de pages, scène par scène : de cette manière, votre graphisme et vos couleurs seront plus homogènes, et vous pourrez faire une pause à chaque changement de scène/d’ambiance. Comme faire un lot de 3 ou 4 pages est plus rapide qu’un chapitre entier, vous aurez plus régulièrement la satisfaction d’avoir bouclé quelque chose, ce qui peut aider à rester motivé.

Dernière étape pour faire une BD avec la méthode flocon : la réalisation des planches !
Les planches originales de « L’Aiguilleur », un one-shot que j’ai dessiné en 2020 !

Dans tous les cas, grâce à la méthode flocon, vous savez où vous allez, et en dessinant vos planches, vous pouvez vous concentrer sur les derniers ajustements au lieu de vous poser des questions sur ce que vous allez raconter ensuite !

Conclusion

La méthode flocon est un outil d’écriture très adapté au format BD. Elle vous sera particulièrement utile si vous avez du mal à organiser votre histoire, et vous aidera à structurer à la fois votre scénario et votre avancement de projet. Vous pouvez aussi reprendre le principe de base pour vous organiser dans votre manière de planifier en général.

Segmenter, affiner et mettre à jour. C’est tout ce que vous devez retenir du principe de base. On découpe en petits bouts plus facilement ingérables la grosse portion qu’il y a dans notre assiette. 

Espacescomprises.com

La méthode d’origine peut paraître rigide, mais rien n’empêche de la repenser pour l’adapter à votre projet, en rajoutant des étapes ou en en passant certaines. La méthode flocon est un outil d’écriture : c’est elle qui doit nous être utile, et pas nous qui devons en devenir esclave !

Plus que suivre scrupuleusement chaque étape, l’important est de garder en tête les principes de base pour les mettre au service de notre projet d’histoire.

La méthode flocon comme outil pour écrire ou faire une BD, c'est plus un guide que de véritables règles !
La méthode Flocon, c’est un peu comme le code dans Pirates des Caraïbes :
vous pouvez l’arranger à votre sauce.

Alors, vous connaissiez déjà cette méthode d’écriture ? Si oui, aviez-vous pensé à l’utiliser pour faire une BD ?

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