Nous nous retrouvons pour ce dernier article du Dossier Animaux avec… Un titre mensonger ! En effet, nous allons bien parler des poissons en priorité mais pas uniquement, car je vais également y inclure quelques mammifères marins pisciformes tels que les dauphins, ou encore les baleines.
Que sont les poissons ?
Vaste question, car il en existe des dizaines et des dizaines de variétés différentes, qu’ils soient d’eau douce ou d’eau salée, froide ou tropicale ! À l’image des oiseaux, c’est une très large famille qui comprend une infinité d’espèces différentes.
Selon le dictionnaire Larousse: « (du latin Piscis, poisson). Vertébré aquatique, respirant toute sa vie au moyen de branchies et pourvu de nageoires locomotrices. »
Nous avons là une définition classique qui liste les principales caractéristiques physiques des poissons au sens large, mais nous verrons ce que nous pourrons rajouter pour compléter un peu !
Petit rappel théorique
Une fois n’est pas coutume (si, tout à fait, mais vous commencez à avoir l’habitude :p), prenons une seconde pour nous documenter. Reprenons notre classement du vivant :
Classe > Ordre > Famille > Genre > Espèce
Note : il existe effectivement des sous-classes, ordres, familles, espèces… Mais également des super-classes, ordres, familles, espèces.
Les poissons sont des animaux vertébrés aquatiques à branchies, pourvus de nageoires dont le corps est généralement couvert d’écailles. […] on trouve des espèces depuis les sources de montagnes jusqu’au plus profond des océans. […] La super-classe des Poissons n’est reconnue que par certains systématiciens évolutionnistes.
Wikipédia
Comment ça, « la super-classe des poissons n’est pas reconnue par tous les scientifiques ? »
Et non, il va falloir faire un peu de gymnastique cérébrale cette fois, car ces animaux sont en effet issus de différents taxons. Aujourd’hui (c’est-à-dire, hors espèces éteintes), nous retrouvons 3 grands groupes de poissons, issus de différents ancêtres :
- La classe des Chondrichthyes, appelés de façon vulgarisée poissons cartilagineux (leur squelette étant majoritairement constitué de cartilage, comme le requin)
- La super-classe des Osteichthyes, aussi nommés poissons osseux (leur squelette étant majoritairement constitué d’os calcifiés, comme votre poisson rouge)
- L’infra-embranchement très minoritaire des Agnathes, ou vertébrés aquatiques « sans mâchoire » qui ne comprend que les lamproies et les myxines.
Attention, ces classements ne sont pas à confondre avec les espèces voire les variétés, qui sont une classification par caractéristiques physiques acquises récemment, majoritairement par reproduction choisie de la main de l’homme, et indépendamment d’une base génétique commune.
Les principales caractéristiques des poissons sont les suivantes :
- Un corps recouvert d’écailles
- Des yeux sans paupières, généralement placés de part et d’autre de la tête
- Une seule mâchoire mobile, celle du bas
- Des branchies
- Des nageoires allant par paires, latérales et ventrales, correspondant aux membres des vertébrés classiques
- Une nageoire dorsale
- Une nageoire caudale battant latéralement
Quelles différences entre poisson et mammifère marin ?
Une question qui va vous sembler basique, peut-être même idiote mais qui vaut le coup d’être posée ! Évidemment, la principale différence réside dans le mode de reproduction, ovipare ou vivipare. La plupart des poissons classiques auxquels nous pensons en premier naissent d’œufs, deviennent des alevins avant de grandir pour atteindre le stade adulte.
Mais le saviez-vous ? Il existe certaines espèces de requins ovipares, qui pondent des œufs, comme les roussettes, mais également des requins vivipares, comme le requin marteau. Et pour couronner le tout, un combo des deux : les requins ovovivipares, comme le requin tigre, dont les œufs se développent et éclosent dans le ventre de la mère, qui « accouche » par la suite.
Quand je vous disais que la question était pertinente ! Et pourtant, ce sont tous des poissons !
Mais alors ? Quelles sont les spécificités des mammifères marins pisciformes dont je parle, me direz-vous ? C’est très simple : ils naissent de façon vivipare, les juvéniles sont allaités (là où les poissons peuvent tout de suite se nourrir seuls), et ils respirent à l’air libre et non au moyen de branchies car leurs ancêtres étaient terrestres, contrairement aux poissons, qui eux n’ont jamais quitté le milieu aquatique !
Oui oui, la baleine bleue, l’orque ou encore le dauphin descendent bien d’un mammifère terrestre caniforme, qui a gagné l’océan car il y a été repoussé par rien de moins que les dinosaures, de façon très vulgarisée.
Leur morphologie s’est ensuite adaptée : perte de fourrure au profit d’une peau nue, oreilles intégrées à l’intérieur du corps, pattes d’abord palmées puis atrophiées qui se transforment en nageoires, apparition d’un aileron dorsal et d’une nageoire caudale pour la propulsion et la stabilisation… Tout est pensé pour un aérodynamisme optimal.
L’anatomie d’un poisson et d’un mammifère marin
Rentrons désormais dans le vif du sujet : comment dessiner nos amis aquatiques ? Pour vous y aider, je vous propose tout un panel de conseils afin de vous documenter, d’observer, de comprendre pour d’abord imiter, et enfin vous les approprier.
Étudier l’intérieur pour comprendre l’extérieur
Encore et toujours, de la méthode : il vous faudra comprendre comment fonctionnent les poissons depuis leur structure, à savoir leur squelette, et jusqu’au bout des nageoires. Idem pour les baleines et autres. Et même si leurs formes semblent simples, ou du moins d’avantages que les chiens, chats, chevaux ou oiseaux.
Gardons le même fonctionnement qu’habituellement et commençons par étudier quelques visuels spécialisés.
Cette fois-ci, pas de comparaison avec le squelette humain. D’une part parce qu’il en faudrait deux : une pour les poisson et un pour les mammifère marin pisciformes, mais surtout, l’anatomie est tellement différente qu’on ne retrouve que peu d’os réellement comparables. De plus, leur mode de locomotion, la propulsion via une nageoire caudale, leur est propre et il n’y a donc pas moyen de faire de comparaison sur ce point-là non plus.
Cependant, il existe des éléments qui se retrouvent : crâne, dents, colonne vertébrale et cage thoracique notamment. Et j’attire tout de même votre attention sur les nageoires de notre dauphin (mais c’est valable pour les baleines, orques, et autre cousins) : vous pourrez y trouver quelques os qui ne se voient pas sur l’animal en chair, mais il s’agit bien des vestiges aujourd’hui atrophiés des membres antérieurs, au même titre que nos bras et mains, d’où la présence de petits radius, humérus, cubitus et de petites phalanges !
Bien observer pour comprendre et mieux dessiner
L’importance des références
Tout bon artiste ou professeur vous le dira, et vous le répètera jusqu’à ce que cela devienne un réflexe naturel : utilisez des références dès que vous en avez l’occasion et/ou le besoin. Au moindre doute, à la moindre hésitation, sortez vos meilleurs modèles. Photographies, images, modèles en chair et en os…
Petite parenthèse écolo : pensez à éviter le modèle vivant pour les mammifères marins si ce ne sont pas des individus en libertés, cela entretient la captivité en parcs aquatiques, reconnue depuis bien longtemps comme nuisible pour eux !
En plus de vous aider dans votre dessin sur l’instant T, utiliser des références vous permettra sur le long terme de faire travailler et d’affiner toujours plus votre sens de l’observation, de gagner du temps, de comprendre les formes, les volumes et les lumières dessus… C’est 100% gagnant, alors qu’attendez-vous ? 😉
Google ou Pinterest seront vos meilleurs amis. Il vous suffira de banques d’images ou de quelques mots-clés, et vous serez servis, avec l’accès simple à Internet de nos jours.
Les poissons (et pisciformes) dessinés par d’autres
Il est toujours intéressant de voir comment les artistes qui vous inspirent représentent les poissons (ou tout autre sujet). Cela fait partie du travail de collecte de référence, même s’il ne s’agit pas de « vraies » références photos.
Cela vous permet de voir comment ils appréhendent les volumes, leur petite touche personnelle pour s’approprier les formes réalistes, en quoi les dessins diffèrent des modèles… De plus vous pouvez vous en inspirer à votre tour pour adapter les poissons à votre propre style de dessin.
Des plus réalistes…
… Aux plus stylisés
Je vous propose ci-dessous un panel d’artistes qui ont pu m’inspirer et/ou m’inspirent encore, pour vous montrer à quel point les poissons peuvent être dessinés de façons variées.
Ci-dessus, pour rester dans le style manga et anime, notez les différences de proportions, les volumes plus ou moins déformés, et le réalisme qui s’en trouve affecté, tout en restant corrects.
Ci-dessous, vous pouvez noter les mêmes points, dans un style plus occidental cette fois.
Les écueils à éviter
Ils restent les mêmes que pour l’anatomie humaine, à savoir les raccourcis faciles, les limites des outils tels que les mannequins, et l’excuse du « C’est mon style ». Ces difficultés ont déjà été traitées en détail précédemment, aussi je vous invite à reprendre les précédents articles du Dossier Anatomie, afin d’avoir plus de précisions et d’éviter de vous casser les dents sur ces trois grands écueils.
C’est pour cela qu’il est primordial de garder en tête le cycle de notre apprentissage : observation, imitation qui permet la compréhension, menant à la maîtrise et enfin, à l’appropriation. Globalement, vous ne pourrez utiliser la phrase « c’est mon style » que lorsque vous aurez observé, compris et maîtrisé les bases, même si ce n’est pas forcément le plus amusant au départ. Courage, ne lâchez rien !
Mes astuces pour de beaux poissons
La pratique régulière
Sans surprise et comme toujours, pas de formule magique ou de recette miracle : le travail est la clé de la réussite et du progrès. Tracez, reproduisez (pour vous entraîner uniquement, et en toute transparence), utilisez des références, puis dessinez par vous-mêmes peu à peu. Le résultat sera plus ou moins satisfaisant au départ, mais ne vous découragez pas. Nous avons tous commencé par des animaux aux visages semi-humains, avec des pattes-bâtons qui donneraient presque des cauchemars.
Entraînez-vous régulièrement, notamment avec du croquis sur le vif, ou du dessin limité dans le temps.
Vous pouvez utiliser des sites comme Line of Action, qui est mon favori par la diversité de catégories qu’il propose : anatomie humaine, parties de corps comme mains ou pieds, expressions faciales, décors…
Mais surtout, animaux ! Il vous permettra même de choisir tout particulièrement les poissons (et autres créatures marines telles que les baleine, tortues, méduses…) si vous cochez les bonnes options, et notamment leurs squelettes : idéal pour étudier et comprendre leur structure.
De la variété, mais avec un minimum de logique
Pour dessiner les poissons, c’est un peu le même exercice que pour tout autre être vivant. Il existe différentes morphologies chez nos amis à nageoires, et notamment des différences parfois flagrantes entre mâles et femelles, tant en terme de taille, de couleurs, ou de détails.
Ceci dit, il existe quand même des individus petits, des grands, mais surtout très différents au stade d’alevin et au stade adulte.
Si vous représentez une espèce spécifique, pensez à bien vous renseigner sur les particularités physiques que celle-ci pourrait présenter. Notamment les couleurs parfois changeantes selon la saison, la taille globale de l’espèce, la forme et la disposition des nageoires… Ci-contre, vous pouvez voir la différence entre un saumon mâle et femelle.
Mais ce que vous devez comprendre ici par « logique« , c’est surtout le langage corporel. En effet, un humain va avoir le réflexe de s’agacer, de se protéger pour prévenir une chute ou un coup, avoir peur, rire, sourire… Mais les poissons ont également une façon bien à eux de s’exprimer corporellement, et dont vous devez tenir compte selon la situation dans laquelle vous les représentez.
Il est vrai que la fuite est souvent la solution la plus représentée, ainsi que le camouflage, car la plupart des poissons, notamment de petite taille, ont énormément de prédateurs et peu voire pas de moyen de défense. Ceci dit, selon leur mode de vie ou leur position dans la chaîne alimentaire, on pourra observer un regroupement pour assurer la survie du plus grand nombre, ou encore une attitude d’attaque, de piège, solitaire ou groupée selon les cas.
Pensez à observer les comportements des poissons, notamment via les documentaires animaliers pour les prendre en compte et en jouer : vos dessins n’en seront que plus vivants.
Gardez surtout en tête que vos poissons doivent être cohérents sur deux points principaux :
- Leur comportement en fonction de la situation dans laquelle vous les dessinez
- L’univers duquel ils sont issus, et leur mode de vie dans ce dernier
Petites astuces générales et exemples
Maintenant, je vous propose un petit top 20 d’astuces et de conseils pour vous aider à dessiner les poissons et mammifères marins pisciformes.
Choisissez une espèce qui vous plaît, et commencez par des postures et des morphologies simples. Sous des angles simples comme un profil ou de trois quart. Vous ferez augmenter la difficulté peu à peu, avec poses et des angles de vue plus complexes et dynamiques.
Il existe une trop grande variété d’espèces, et mes astuces se veulent le plus générales possibles. Si vous souhaitez représenter particulièrement tel ou tel poisson ou mammifère marin pisciforme, vous me voyez venir : à vos références !
- Simplifiez les formes et pensez directement en volumes
- La seule chose « plate » chez les poissons, ce sont leur fines nageoires
- Elles peuvent être plus ou moins souples, mais leur base reste charnue (en rouge)!
- Ajouter une paupière et une ligne sourcilière donneront plus d’expressivité
- On ne voit presque jamais la scléra, mais elle accentuera aussi l’expression
- Rendez la bouche flexible, pour accentuer les expressions
- N’oubliez pas de suggérer les narines et les branchies de vos poissons (en rouge)!
- Vous n’êtes pas obligés de dessiner chaque écaille mais si vous le faites, affinez le trait pour une meilleure lecture visuelle !
- Ou suggérez-les seulement par endroits
- Qui dit poisson dit aérodynamisme : gardez un trait fluide et souple
- Il en va de même pour les dauphins, baleines, orques…
- Dont vous pouvez penser le corps avec un volume de goutte allongée et souple, comme les poissons
- La nageoire caudale des poissons bat latéralement, de gauche à droite
- Celle des mammifères marins bat verticalement, de haut en bas
- De plus, leurs nageoires sont bien plus charnues que celles des poissons
- Ils n’ont pas d’écailles mais une peau plus ou moins lisse
- Pour les espèces « rugueuses » comme les baleines, ajouter de petites callosités donnera plus de réalisme (en bleu)
- N’oubliez pas leur évent, sans lequel ils ne peuvent pas respirer !
- Ni leurs ouïes, discrètes mais présentes
- Soyez inventifs tout en restant logiques, dans le cas d’espèces de fiction !
Conclusion
Et c’est ici que nous concluons cet article, mais également le dossier animaux, du moins pour le moment. Rappelez-vous bien qu’il est tout à fait possible de dessiner un beau poisson, dauphin ou autre parfaitement correct « par hasard », mais que vous ne pourrez pas vraiment les maîtriser tant que vous n’aurez pas compris comment ils fonctionnent, pour les reproduire puis les styliser à votre convenance.
De la même façon, une fois que vous les maîtriserez, vous pourrez trouver vos propres astuces selon votre façon de dessiner, que vous incorporerez peu à peu aux bases que vous aurez apprises par l’observation et la reproduction.
N’hésitez pas à partager vos impressions, proposer d’autres familles d’animaux qui vous poseraient problème, à partager vos propres astuces ou à compléter nos propos dans la section commentaire, ou simplement si vous avez des questions !
En attendant de prochains articles, je vous invite à aller faire un tour sur nos différents dossiers, conseils et autres tutoriels.
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