La perspective (et le dessin de décor qui l’accompagne) est souvent la bête noire des artistes, plus enclin à s’entrainer à parfaire la représentation de leurs personnages.
Il n’y a pourtant rien d’insurmontable avec cette discipline ! C’est pourquoi, avec l’équipe du Mangakoaching, nous avons décidé de faire, non pas un article, mais carrément un dossier de plusieurs articles pour partager un maximum de connaissances à propos de ce sujet avec vous. En voici le premier volet !
Tout d’abord, je vous propose de découvrir les bases de la perspective linéaire pour mieux comprendre le fonctionnement de la ligne d’horizon, des points de fuite et des lignes de fuite, puis voir comment mettre en pratique ces bases grâce à la réalisation d’un dessin en perspective à un point de fuite.
Qu’est-ce que la perspective ?
La perspective, c’est l’ensemble des techniques utilisées pour représenter les volumes et distances d’un monde en trois dimensions sur une surface plane.
Quand on passe d’un monde réel en volume à une surface en deux dimensions, on perd des informations. Alors que dans la vraie vie, on peut tourner un objet dans tous les sens pour le regarder, sur un dessin, on ne pourra le représenter qu’avec un seul angle de vue à la fois.
On a moins de possibilités et le résultat sera forcément différent de la réalité, parce qu’en « aplatissant » ce qu’on veut représenter, on est obligé de faire des choix !
Par exemple, on ne peut pas à la fois conserver les proportions d’un bâtiment, les angles et une apparence qui ressemble à la réalité… Alors, comment donner l’impression que ce qu’on dessine est plus vrai que nature, comme si ce n’était plus une surface plane mais une fenêtre qui nous permettrait d’observer un nouveau monde ? C’est un problème très compliqué qui a fait réfléchir les artistes et les scientifiques pendant des siècles.
Petite histoire de la perspective
Pendant longtemps, les peintres et dessinateurs ont tâtonné en essayant de montrer les choses d’une certaine manière ou en faisant « à l’œil », avec des résultats plus ou moins heureux. C’est petit à petit que les règles d’une perspective « juste » sont arrivées, mais si on regarde dans l’histoire de l’art, on voit qu’elles n’ont pas toujours été respectées.
Quelques principes de base :
- Plus un élément est loin de l’observateur, plus il paraît petit (mais au moyen-âge, on représentait parfois les personnages plus ou moins grands selon leur importance dans la scène plutôt que leur emplacement).
- Pour donner une impression de réalisme, il ne faut pas mélanger les points de vue (par exemple, il existe des plans de ville vus du dessus, avec de chaque côté des rues, les façades dessinées comme si elles étaient vues de face. C’est une manière de montrer plusieurs choses à la fois qui pouvait être pratique, mais ça n’est pas du tout réaliste !)
- Pour donner une impression de profondeur, il faut réussir à montrer non seulement l’avant d’un objet, mais aussi un ou plusieurs côtés. Mais comment faire si on ne peut utiliser qu’un seul angle de vue ? Il faut déformer l’objet, mais pas n’importe comment !
- Quand des lignes parallèles dans la réalité s’éloignent de l’observateur, elles se rapprochent l’une de l’autre sur le dessin, jusqu’à se rejoindre à un point précis. C’est ce qu’on appelle une ligne de fuite. (Ça, les dessinateurs l’ont remarqué assez vite, mais faute de connaître la logique derrière, ils faisaient souvent « à l’œil » et ne partaient pas d’un point précis)
Avec la Renaissance, des personnes ont continué à étudier le sujet et ont commencé à définir les règles de la perspective linéaire, qui est celle qu’on utilise le plus souvent aujourd’hui.
Pourquoi je vous parle de tout ça ? Parce que ces règles-là ont été découvertes petit à petit, au fil des siècles, et qu’elles ne sont pas toujours respectées. On parle de « la » perspective, comme s’il n’y en avait qu’une seule, mais c’est loin d’être le cas ! J’aurai l’occasion de vous en reparler dans de prochains articles à ce sujet.
La perspective linéaire : l’outil des dessinateurs
En dessin, il y a une « perspective » qui sort du lot car plus connue et plus utilisées que les autres : il s’agit de la perspective linéaire, ou perspective conique.
C’est celle-ci qui a été formalisée à la Renaissance et c’est celle-ci que les dessinateurs rêvent de maîtriser pour permettre à leurs univers imaginaires de prendre corps.
Sa particularité ? C’est la perspective qui se rapproche le plus de notre vision de la réalité… comme si on prenait une photo ou qu’on se mettait à dessiner les contours de ce que l’on voit de notre fenêtre (en fermant un œil et sans bouger).
Les particularités & les limites de la perspective linéaire
Comme elle se base sur notre vision de la réalité, c’est le meilleur choix pour donner l’impression que les mondes imaginaires que l’on dessine sont réels.
En revanche, beaucoup de choses changent dans la réalité : les objets n’auront pas la même taille selon leur distance, les longueurs et les angles n’auront généralement pas grand-chose à voir avec la réalité… C’est ce qui la rend souvent difficile à maitriser !
Pour réussir à dessiner en perspective, il y a un certain nombre de règles et techniques à connaître. Certaines sont intuitives… d’autres beaucoup moins.
La perspective linéaire ne représente qu’un angle de vue de la réalité.
Quand on dessine avec une perspective linéaire, pas question de mélanger : on choisit un et un seul point de vue, et si on change un élément de place dans notre dessin, il faudra le redessiner.
La perspective est basée sur notre vision, qui est limitée (nous ne voyons clairement que dans un cône d’environ 60°). Alors, quand on s’éloigne trop du centre de l’image ou du point de fuite, les éléments deviennent très déformées et paraitront faux à la personne qui les regarde.
Pas à pas : Comment dessiner en perspective à 1 point de fuite ?
Tout ça vous paraît encore abstrait ? Pas de panique ! Je vais faire pour vous un dessin en utilisant la perspective à un point de fuite, en vous expliquant pas à pas la logique qui se trouve derrière chaque étape et les règles qui vous permettront de dessiner vous-même en perspective.
Pour ça, vous aurez besoin :
- Des outils de traçage dans votre logiciel de dessin préféré
OU
- D’une feuille de papier
- Un crayon bien taillé ou un critérium
- Une règle
- Une équerre
- Et une surface de travail plus grande que votre dessin final
Il existe des règles et équerres de toutes tailles et de toutes formes, mais mon outil favori est la règle japonaise !
Souple et longue de 50 cm (quand elle n’est pas cassée), elle est vendue pour la couture, mais me sert beaucoup pour dessiner : comme elle est transparente et graduée sur toute la longueur, elle permet de tracer rapidement des lignes parallèles.
Choisir son angle de vue et poser sa ligne d’horizon
Tout commence avec une ligne d’horizon.
On peut la définir comme « la ligne qui sépare le ciel de la terre (ou la mer) », mais en fait, ce n’est pas toujours vrai. Elle n’est pas toujours directement visible (par exemple s’il y a des montagnes) et surtout, elle dépend plus de votre point de vue que de la réalité. Pourtant vous devez absolument savoir ou elle se trouve pour pouvoir dessiner en perspective.
Tout part de la ligne d’horizon ! Pour pouvoir la tracer sans vous tromper, il suffit de répondre à deux questions essentielles.
À quelle hauteur est mon observateur ?
Vous pensiez peut-être qu’il n’y avait pas besoin d’y réfléchir, mais en réalité, c’est assez important : la ligne d’horizon correspond à la hauteur de votre observateur.
Je disais tout à l’heure que la perspective linéaire oblige à choisir un point de vue unique. Imaginez que pour dessiner votre scène, vous allez poser une caméra. Allez-vous la mettre à votre hauteur ? L’installer à 3 mètres de haut ? La poser au sol pour faire comme si on voyait le monde à travers les yeux d’un chat ? Je pense que vous commencez à voir que cela peut changer beaucoup de choses sur votre dessin.
Pour le dessin en perspective, la ligne d’horizon, c’est moins « la séparation entre le ciel et la terre », qu’un plan qui coupe votre image en deux, pile à hauteur d’œil de l’observateur : jusqu’à l’infini, tout ce qui est plus grand sera au dessus de cette ligne, tout ce qui est plus petit sera en dessous, et ce qui sera exactement à la même taille… sera pile dessus !
Dans quelle direction regarde-t-il ?
Maintenant qu’on a parlé de ligne d’horizon, parlons d’angle de vue. Pour reprendre l’exemple de la caméra, il y a une différence entre son emplacement et son orientation. Même si vous décidez de l’installer sur un trépied à deux mètres de haut, vous pouvez très bien l’orienter vers le bas ou vers le haut : tout dépend de ce que vous voulez montrer !
Sur votre dessin en perspective, l’équivalent de ce changement d’orientation sera l’emplacement de votre ligne d’horizon. Plus vous tournerez votre caméra vers le ciel, plus la ligne d’horizon sera basse sur l’image. Plus vous la tournerez vers le sol, plus elle sera haute.
Pour résumer
La ligne d’horizon représente le plan qui se trouve à la hauteur de l’observateur (la caméra). Il faut donc connaître sa hauteur pour pouvoir dessiner en respectant les proportions des autres éléments.
L’angle de vue correspond à l’orientation de la caméra. C’est lui qui décidera de la hauteur de la ligne d’horizon sur votre dessin
Malgré tout, les deux sont liés : si votre caméra est près du sol, il faudra sans doute la tourner vers le haut pour que l’on voie ce que vous voulez montrer. Et plus elle sera posée en hauteur, plus il faudra l’orienter vers le sol… sauf, par exemple, si ce que vous voulez dessiner est un immeuble ou un avion !
Un exemple
Disons que pour ce pas-à-pas, je vais dessiner une fille assise sur un ponton au bord de la mer, et peut-être quelques bateaux, quelques mouettes. Je vais commencer par me poser ces deux questions :
- Quelle est la hauteur de mon observateur ? Disons que je vais faire ce dessin comme si j’arrivais en marchant sur le ponton.
- Dans quelle direction regarde-t-il ? On pourrait imaginer que je m’intéresse aux mouettes au dessus d’eux, dans ce cas, je lèverais les yeux, et la ligne d’horizon serait très basse… mais non, ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est cette fille assise au bout du ponton, légèrement plus bas.
Dans mon exemple, je vais mettre ma ligne d’horizon au premier tiers de l’image : c’est une proportion harmonieuse, souvent utilisée en composition (Voir l’article de Karine à ce sujet), et cela me laissera les deux tiers de l’image pour dessiner la mer, le ponton, et la fille assise dessus !
Plan de l’image
Maintenant, imaginons que votre image est une vitre. Si on la prolonge à l’infini dans toutes les directions, on a ce qu’on appelle un « plan« . Par exemple, vous accrochez deux posters sur le même mur, ils seront sur le même plan. Par contre, si vous décidez de poser un paravent devant votre mur, à un mètre, il s’agira de deux plans différents. Il peut être de biais par rapport au mur, ou parallèle à celui-ci.
Dessiner en perspective avec un point de fuite, c’est exactement comme poser un chevalet parallèle aux éléments que vous voulez peindre : cela vous permet de profiter d’une règle bien pratique.
Sur un plan parallèle à celui de l’image, les lignes parallèles, les proportions et les angles sont conservés. Par exemple, quelle que soit la distance à laquelle vous mettrez un carré, il paraîtra plus grand ou plus petit, mais tant qu’il est sur un plan parallèle à celui de l’image, vous le verrez toujours carré.
Quand vous commencez à dessiner en perspective à un point de fuite, vous avez donc deux plans :
- Le plan de l’image : votre feuille de papier ou votre écran, qui est comme une fenêtre sur votre futur dessin. Ce qui se trouve derrière sera visible sur l’image, ce qui se trouve entre l’image et l’observateur, ou derrière lui, ne sera pas représenté.
- Perpendiculairement, le plan de l’observateur : il correspond à tout ce qui est à hauteur d’œil de votre observateur/caméra, il est représenté par votre ligne d’horizon
Points de fuite et lignes de fuite
Il reste un outil essentiel du dessin en perspective à présenter : les lignes et points de fuite.
Si une ligne n’est pas parallèle au plan de l’image, elle va s’éloigner de l’observateur. C’est ce qu’on appelle une ligne de fuite. En s’éloignant (fuyant), elle va sembler de plus en plus près de la ligne d’horizon sur l’image, jusqu’à la rejoindre à un point précis. C’est ce qu’on appelle un point de fuite. Et là, on voit apparaître une nouvelle règle : Toutes les lignes parallèles entres elles vont rejoindre le même point de fuite.
Sur notre dessin, nous allons tracer une perspective à un point de fuite.
Ce point correspondra à toutes les droites perpendiculaires au plan de l’image. Cela veut dire que tous nos objets seront placés comme des briques, avec des angles droits et une face parallèle au plan de notre image : c’est la condition pour que les lignes de fuite aient toutes le même point de fuite central.
Composer son dessin en perspective
Si vous avez fait un croquis de composition comme ce que j’ai fait tout à l’heure, vous avez déjà une idée de là où vous voulez placer les éléments. Une première étape utile est de replacer grossièrement les éléments en esquissant très légèrement l’emplacement des différents éléments, pour avoir une première idée de là où ils seront dans l’image.
À ce moment-là, vous vous rendrez peut-être compte que ce qui rendait bien sur votre esquisse semble bizarre à l’échelle : peut-être que les proportions ne sont pas cohérentes, que les lignes que vous aviez prévues ne collent pas au point de fuite… C’est le moment de replacer vos éléments en respectant les proportions ! Mais comment savoir à quelle taille dessiner un élément de l’image ? Comment respecter ces fameuses proportions ?
Pour connaitre et reporter des longueurs, il suffit de mesurer l’intervalle entre la ligne d’horizon et le sol à une distance précise. Si vous connaissez la hauteur de votre observateur, il suffit de transposer : Ici, mon point de vue est à 1 m 60 de hauteur. Si je mesure la distance entre le sol et la ligne d’horizon à un point précis, je trouve 6,5 cm.
Cela veut dire que tant que je reste parallèle au plan de l’image et à cette distance de l’observateur, tout ce qui mesurera 6,5 cm correspondra à 1 m 60 dans la réalité ! (Ce qui est le cas du bout du ponton ou sera assis mon personnage.)
Pour dessiner mon personnage assis il suffit que je connaisse sa hauteur et que je la reporte sur une hauteur horizon-sol. Ici, j’estime qu’une fois assise, elle fera environ 80 cm de haut, ce qui veut dire qu’il me suffit de diviser par deux pour avoir sa hauteur !
Astuce : Connaître les tailles réelles de ce que vous allez dessiner est un vrai plus ! N’hésitez pas à prendre des mesures chez vous ou chercher sur internet les dimensions des éléments que vous comptez dessiner.
Maintenant, on a presque tout ce qu’ils nous faut pour faire notre dessin en perspective à un point de fuite… Tout ce qui nous manque, c’est un moyen de respecter les distances dans la profondeur de l’image. On sait que plus on s’approche du point de fuite, plus les distances vont réduire. Sur une ligne de fuite, elles vont paraître écrasées et de plus en plus petites… mais comment on fait exactement ?
Dessiner en perspective en respectant les distances, même en profondeur
Reporter une distance le long d’une ligne de fuite en respectant les proportions
Maintenant, vous savez comment reporter une distance sur un plan parallèle à l’image. Pour reporter une même distance en profondeur, il existe une autre technique, un peu plus longue mais assez efficace.
On utilise une règle de géométrie que vous connaissez sûrement : « Les diagonales d’un rectangle se croisent toujours en son centre ». ça marche aussi en perspective !
Même quand les rectangles sont déformés, on peut utiliser ces diagonales pour diviser un rectangle en deux ou reporter sa longueur sur une ligne de fuite… pour cela, vous aurez juste besoin d’une règle et d’une équerre !
- Tracez votre rectangle en perspective
- Trouvez le centre de votre rectangle en traçant les diagonales (ou en mesurant le milieu de la hauteur).
- Couper le rectangle en deux en passant par le centre et le point de fuite pour tracer une ligne horizontale.
- Tracez une nouvelle diagonale passant par l’intersection du bord du rectangle et de la nouvelle diagonale.
- Tracez la verticale de votre rectangle : vous avez doublé sa longueur !
- Tracez de nouvelles diagonales pour continuer à reporter la distance aussi longtemps que vous en aurez besoin.
Cette technique vous sera très utile, je l’utilise énormément et même si elle est parfois répétitive, je la trouve assez satisfaisante. Dans bien des cas, vous n’aurez pas besoin de plus pour reporter votre profondeur en perspective.
Le plus important est de vous rappeler que :
- Plus une ligne de fuite sera proche du point de fuite, plus les distances seront écrasées, et plus elle sera excentrée, plus les distances paraîtront longues.
- Une distance paraîtra toujours plus courte sur une ligne de fuite que sur une ligne parallèle au plan de l’image.
Trouver la proportion parfaite avec un point de fuite secondaire
Comment fait-on pour savoir à quelle distance en profondeur correspondent nos mesures sur le plan de l’image ? Si je veux tracer un cube, comment faire pour que sa base soit juste ? Comment estimer la distance à laquelle sera mon bateau amarré sur mon dessin ?
Ce n’est pas quelque chose dont on a toujours besoin, en tout cas pour une illustration unique, mais si vous faites une BD, vous aurez peut-être besoin de fixer les proportions et les distances de votre décor pour pouvoir le dessiner sous tous les angles. À ce moment-là, cette technique pourra être très utile !
Pour tracer un carré au sol, on va avoir besoin de tracer sa diagonale. Et pour ça, on a besoin d’un deuxième point de fuite, qui rassemblera toutes les lignes qui partent à 45 ° des lignes de notre point de fuite principal.
Voici comment placer son point de fuite secondaire.
En théorie, il faut relever la longueur entre l’observateur et le plan de l’image, mais comme souvent, on ne sait pas trop comment la connaître, le plus simple est encore d’utiliser une « technique toute faite » des peintres de la renaissance, qui consiste à placer son point de fuite secondaire sur la ligne d’horizon, en mettant entre lui et le point de fuite principal une distance d’1,5 fois la largeur de la toile.
Pour avoir votre point de fuite secondaire, vous aurez sûrement besoin d’un plan de travail plus grand car oui, ce point de fuite sera toujours hors de votre image (et c’est normal)..
Vous pouvez fixer votre dessin sur une feuille plus grande ou dessiner directement sur votre plan de travail si vous êtes aussi barbare que moi.
Maintenant que vous avez votre point de fuite secondaire, vous pouvez tracer votre diagonale, et vous avez votre carré au sol. À partir de là, vous pouvez reporter vos distances dans toutes les directions et même dessiner des damiers en perspective ! Attention tout de même à rester lisible.
À moins d’en avoir vraiment besoin, contentez-vous de tracer les lignes de construction principales pour déplacer vos mesures d’un point à l’autre et respecter les proportions de votre image.
Une affaire de patience…
Voilà, maintenant, vous avez les outils pour dessiner dans un monde cubique vu de face ! Il suffit d’appliquer ces différentes méthodes pour construire votre dessin, vérifier les proportions, reporter des distances… Vous l’aurez compris, c’est surtout une affaire de patience !
Pour avancer sur mon dessin, je continue à reporter des mesures et à estimer les tailles des éléments pour les déplacer si nécessaire :
- La tête du personnage faisant de la voile à gauche est légèrement en dessous de la ligne horizon. Comme le niveau de la mer est plus bas que celui du ponton ou est placé l’observateur, cela reste cohérent.
- En revanche, le voilier à droite est mal placé ou trop petit : si je reporte la taille d’un voilier (par exemple, 6 m 50) en utilisant la distance entre sa base et la ligne d’horizon, il faudrait qu’il soit deux fois plus haut. Donc, soit je le dessine beaucoup plus grand, soit je l’approche de la ligne d’horizon pour qu’il fasse à peu près la taille prévue.
- Je détaille le ponton, en utilisant la technique des diagonales pour reporter la distance à intervalles réguliers et connaître l’emplacement des piliers. J’utilise le même principe pour diviser les carrés en bandes qui correspondront aux planches horizontales.
Je continue à détailler le dessin petit à petit :
- Je subdivise les rectangles du ponton pour avoir des planches de 20 cm de large.
- J’utilise la profondeur d’une planche pour dessiner les piliers du ponton, en reportant les mesures à partir d’un plan (Astuce : quand on doit placer une nouvelle ligne de fuite, mieux vaut prendre des mesures sur un plan proche pour être plus précis)
- J’ai déterminé le niveau de l’eau par rapport au ponton et j’ai mesuré la distance entre la surface du ponton et celle de la mer pour calculer l’écart.
- Avec cette mesure, je sais que la hauteur entre la ligne d’horizon et la mer est d’environ 1 m 95 (1 m 60 + 35 cm). Je peux donc vérifier la hauteur des différents éléments et corriger si besoin (par exemple, j’ai agrandi le phare !)
À ce stade, le plus gros est fait ! Il ne reste plus qu’à dessiner les goélands (comme ils peuvent être orientés dans n’importe quelle direction et à n’importe quelle distance, pas besoin de s’embêter) et le crayonné est fini !
Comme le crayonné est rempli de lignes de construction et d’annotations, je vais mettre au propre le dessin en utilisant ma table lumineuse pour m’éviter de gommer.
C’est le moment d’encrer, de rajouter des petits détails, puis de mettre en couleurs… Profitez-en, vous avez fait le plus dur !
Conclusion
Voilà, cette première initiation touche à sa fin. Vous avez découvert les bases et pas mal de théorie, mais comme vous voyez, il y avait déjà beaucoup de choses à dire à propos de ce dessin d’apparence plutôt simple.
La prochaine fois, je vous parlerai de perspective à deux points de fuite. D’ici-là, vous pouvez déjà utiliser ce qu’on a vu pour commencer à dessiner en perspective… après tout, rien ne vaut l’entrainement pour assimiler une technique !
Et pour aller plus loin, je vous invite à découvrir l’ouvrage de John Montague, « Le dessin de perspective par l’exemple : Pour les artistes, les architectes, les designers et les graphistes », paru en 2011 aux éditions Eyrolles.
N’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de cet article en commentaire, à poser des questions ou à suggérer des points que vous voudriez voir dans un prochain article sur la perspective et le dessin de décor.
Super article merci !!
c’est un peu compliqué.. surtout avec les profondeurs..je ne suis pas sûr d’avoir tout compris
Je vais analyser le dessin donné en exemple pour mieux comprendre
J’avais aussi une question: à quelle moment on utilise la perspective à 1 point de fuite?
J’ai trop compris l’intérêt d’un deuxième point de fuite
Merci pour tes commentaires !
Pour la perspective à un point de fuite, elle sert lorsque que ce que l’on dessine est parallèle au plan de l’image (comme si la maison qu’on dessine est parallèle à notre chevalet, ou à la vitre sur laquelle on décalque).
Le deuxième point de fuite que je présente dans l’article est ce qu’on appelle un point de fuite secondaire : il correspond aux lignes placées à 45° des lignes de fuites du point principal, mais aussi celles qui sont parallèles à l’image. En gros, elles coupent un angle droit en deux.
à quoi ça sert de tracer ces lignes à 45° ? Eh bien, elle permettent de dessiner des diagonales de carrés en profondeur. Grâce à elles, on peut reporter des longueurs en profondeur avec précision et construire des grilles, plutôt que poser un point au pif sur notre ligne de fuite en se disant « ouais, ça doit correspondre à 1 m sur mon dessin ».
Voilà, j’espère que ce petit résumé t’aidera à y voir un peu plus clair !
C’est vraiment un article incroyable qui répond à la plupart des questions que je me posais… Un immense merci ❤️
Il me reste un élément obscur : comment avez vous obtenu la mesure des 80cm de profondeur du ponton ? J’ai tenté de reporter sur le sol horizontalement la hauteur de la fille avant de tracer le carré en profondeur via le point de fuite secondaire mais ça colle pas…
Merci pour les explications
Je lis votre article avec beaucoup d’attention c’était intéressant pour être honnête ,le mots et exemple était compressible par contre je ne pas était satisfait vu que suis Architecte je m’attendais à des exemples de bâtiment ou maison et vous vous étiez base sur l’exemple de peinture à choisissant un personnage Merci je vais continuer avec le deux points de fuite
Bonjour Jacob, merci pour ce message. Effectivement, le Mangakoaching.com est une plateforme d’information et de conseils orientée vers le dessin, le manga et la BD. J’espère que d’autres articles auront su répondre à vos attentes. 🙂
Bonjour, super article qui a bien aidé ma fille pour son premier rendu. Mais on s’est posé une question : on a bien compris comment reporter les longueurs en profondeur grâce aux diagonales des carrés mais pour cela il faut la mesure du côté du premier carré en profondeur : comment l’obtenez -vous ?
En tt cas bravo pour votre travail.