Vous dessinez une BD couleur et vous voulez que vos pages scannées soient de belle qualité pour pouvoir les publier fièrement en ligne ou les imprimer au format papier ?
Peut-être que vous vous êtes renseignés sur les modes colorimétriques, les retouches… peut-être même que vous avez lu l’article comprendre le CMJN… Mais tout ça ne vous dit pas quelles étapes suivre pour scanner une page de BD couleur, et vous êtes encore un peu perdu ?
Laissez-moi vous montrer comment je scanne et je retouche mes illustrations ou pages de BD couleur sur Photoshop, avec plein d’exemples !
Scanner une page de BD
Quelques rappels avant de commencer
Si vous n’avez pas encore de scanner, prenez le temps de vous renseigner avant d’en acheter un pour qu’il soit de bonne qualité et corresponde parfaitement à vos besoins.
Les critères principaux seront la résolution optique et la fidélité des couleurs. D’autres, comme la taille ou la rapidité dépendront surtout de votre utilisation. Sachez que les scanners seuls sont généralement de meilleure qualité que les combinés scanner/imprimante (même s’il y a des exceptions)
Pour en savoir plus vous pouvez consulter l’article comment scanner et retoucher ses pages de manga en 5 étapes. J’y explique quelques points techniques et des bonnes habitudes à prendre pour avoir des scans de bonne qualité et gagner du temps. En voici un petit rappel :
- N’hésitez pas à rassembler vos pages à scanner pour les faire d’affilée et gagner du temps au moment de scanner.
- Vérifiez votre calage (il n’est pas rare que la surface du scanner soit légèrement plus petite que la vitre elle-même, vérifiez bien ce détail pour être sûrs d’avoir l’image en entier. Attention aussi à ce que votre page ne soit pas de travers)
- Pensez à appuyer légèrement sur le couvercle de votre scanner si vous scannez des carnets ou des papiers gondolés par la peinture : si le papier n’est pas collé à la vitre, le scan sera plus sombre et flou !
- Dépoussiérez régulièrement la vitre de votre scanner pour éviter d’avoir des taches sur votre image. Pensez aussi à votre écran d’ordinateur pour ne pas essayer d’effacer des poussières posées sur votre écran !
Choisir ses réglages
- Désactivez les réglages par défaut comme les niveaux automatiques et surtout la suppression du fond s’il y en a une (c’est une fonctionnalité qui transforme les 5 % les plus clairs de gris en blanc, le meilleur moyen de massacrer des aquarelles !)
- Choisissez votre résolution : généralement, je travaille avec un format plus grand que le format final, donc je me contente de scanner une page de BD en 300 dpi. Si votre imprimeur demande du 600 dpi ou que vous voulez imprimer votre image en plus grand, scannez en 600 dpi (attention, les images seront beaucoup plus volumineuses !)
- Si votre logiciel de scan enregistre automatiquement vos images dans un dossier, choisissez un format qui évitera la perte de qualité (un format PSD, TIFF, ou au pire un format JPG sans compression).
Personnellement, je scanne en utilisant ViewScan, en passant par le menu (fichier/importation) de Photoshop pour ouvrir le logiciel. Cela me permet de tout scanner d’une traite puis d’avoir tous les documents ouverts sur Photoshop une fois que j’ai fini.
Il ne me reste plus qu’à les enregistrer et le tour est joué !
Astuce : Pensez-bien à nommer correctement vos illustrations ou planches de BD pour mieux vous y retrouver par la suite.
Vous pouvez utiliser les scripts de Photoshop (j’en parlerai dans un prochain article) ou sélectionner l’ensemble de vos documents « sans titre » puis faites un clic droit sur le premier pour le renommer comme vous le voulez. Une numérotation sera automatiquement ajoutée entre parenthèse pour différencier les documents.
Bien sûr, pensez à scanner les pages de BD dans l’ordre pour que les numéros de page correspondent ! Si vous avez scanné des pages en double (par exemple, si l’une d’elle était de travers) supprimez d’abord les ratés et renommez vos documents ensuite.
Préparer son image aux retouches
Vous avez scanné et enregistré votre image, vous êtes prêts pour la suite. Maintenant, vient l’heure de retoucher votre planche de BD, et c’est là que vous commencez à vous sentir vraiment perdu. Par où commencer ? Que choisir ? Nous allons voir ça en détail dans un prochain article mais terminons d’abord les préparatifs.
Faut-il rester en RVB ou passer en CMJN ?
Si vous comptez publier uniquement sur internet, vous pouvez rester en mode RVB sans problème, mais si vous comptez faire imprimer votre BD au format papier, le passage en CMJN sera inévitable, avec les altérations que ça implique !
Une fois que vous avez terminé de scanner une page de BD, il est possible de convertir l’image immédiatement ou d’attendre la fin des retouches, au moment d’exporter.
Les deux modes ont leurs avantages : les documents RVB prennent moins d’espace à sauvegarder et ont une gamme de couleur plus large, mais vous avez davantage de risques d’avoir des problèmes de fidélité du rendu au moment de la conversion finale.
Certains logiciels ne vous laissent pas le choix, comme Clip Studio Paint qui ne supporte pas le format CMJN : vous devrez exporter une copie que vous ne pourrez pas rouvrir sous CSP.
De mon coté, j’utilise surtout Photoshop pour les retouches et je préfère commencer par convertir l’image en CMJN, avec le profil colorimétrique demandé par l’imprimeur. Comme ça, je suis tranquille : je sais que je n’aurai pas de couleurs hors gamut (non imprimables) sur mon image finale !
Si je vous ai perdus avec le paragraphe précédent, c’est que vous n’avez pas encore lu cet article expliquant le mode CMJN !
Dans tous les cas, pensez qu’une conversion en mode CMJN va aplatir les calques. Vous ne pourrez donc plus revenir sur des modifications faites avant la conversion ! C’est pour cette raison je vous conseille de convertir votre image soit au début, soit après avoir terminé vos retouches, et si vous avez travaillé sur une image en RVB, enregistrez toujours votre CMJN en copie pour pouvoir modifier le document d’origine si besoin.
Comment bien convertir mon image en CMJN ?
Je lance Photoshop, j’ouvre mon image RVB puis je vais dans le menu « édition/convertir en profil » avant de choisir le profil colorimétrique de mon imprimeur (coated froga 39, le plus souvent).
Je choisis ensuite le mode de conversion, qui permet d’affiner la manière de « traduire » l’image d’un mode à l’autre.
Pour les scans de dessins traditionnels, je conseille vivement le mode de conversion « colorimétrie absolue », surtout si vous êtes sur des tons clairs/peu saturés. Ce mode de conversion sera celui qui restituera le plus fidèlement les couleurs d’origine en CMJN.
Attention, par contre, cela veut dire que les couleurs hors gamut (qui n’existent pas dans ce mode de couleur) seront remplacés par la nuance la plus proche ! Les couleurs non imprimables seront remplacées par des équivalents plus ternes et des démarcations peuvent apparaître dans les dégradés.
Si vous avez des couleurs très saturées ou fluos, le mode « colorimétrie relative » sera peut-être plus adapté, puisqu’il recalculera automatiquement l’ensemble des couleurs pour harmoniser le tout. N’hésitez pas à tester et comparer pour voir quel résultat vous convient le mieux.
Encore une fois, pour en savoir plus sur les modes de couleurs, les profils colorimétriques et les modes de conversion, n’hésitez pas à consulter l’article Impression couleur : comprendre le CMJN
Quels objectifs au moment de la retouche ?
Avant de foncer tête baissée dans vos réglages, je vous invite à réfléchir quelques instants pour savoir ce que vous voulez avoir comme résultat : être le plus fidèle possible à l’image d’origine, ou au contraire saturer des couleurs que vous trouvez trop fades sur votre aquarelle ? Garder le grain du papier bien visible ou le faire disparaître à l’impression ? Transformer un bleu en vert, ou vice versa ? Retravailler la couleur à l’ordinateur, par dessus l’image existante ?
Photoshop est un logiciel très puissant et les possibilités sont infinies, donc rien ne vous oblige à rechercher un résultat « au plus proche de l’original » !
En revanche, si vous ne savez pas ce que vous voulez, vous risquez de perdre beaucoup de temps à tâtonner ! Je vous conseille de garder en tête le but final de votre illustration ou BD (l’imprimer au format papier, la publier en ligne, l’afficher en fond d’écran etc.)
Enfin, quand je dis que les possibilités sont infinies, cela ne veut pas dire que je vous incite à faire n’importe quoi, bien sûr ! Dans le cas d’une BD imprimée ou publiée en ligne, l’avis des autres comptera aussi, puisque votre but est aussi de plaire à vos futurs lecteurs et clients…
Regardez les livres ou travaux d’illustrateurs que vous aimez en prenant le temps de réfléchir à la manière dont ils ont obtenu ce résultat. Observez et analysez ! Cela vous inspirera et vous permettra d’affiner vos goûts et votre regard sur votre propre travail.
Conclusion
Finalement, scanner une page de BD couleur ne se résume pas qu’à poser la feuille sur le scanner et à appuyer sur un bouton. Il y a plusieurs paramètres à prendre en considération avant de se lancer et à anticiper pour la suite, à savoir les retouches d’une image en couleurs !